Ecrire et illustrer: avril 2006

30 avril, 2006

 

Voici les résultats du jeu n° 25 - avril 2006


Le sujet était : " vos pieds"

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(Pour agrandir les illustrations, il suffit de cliquer dessus)



Illustration : Noelle




Quoi mes pieds ? Qu’est-ce qu’ils ont mes pieds ? Eh ben justement, ils ont rien de spécial. Ils sont d’une banalité désarmante. Un 37 de base, plus commun que ça y’a pas : on s’en rend vite compte au moment des soldes… Bon d’accord ils marchent pas à la japonaise mais ils n’avancent pas non plus en canard. Ils adorent faire ce pour quoi ils sont faits, c’est-à-dire marcher (ils adoraient aussi courir les coquins mais maintenant ils peuvent moins et franchement, ça les fait chier). Du moment que leurs collègues du premier étage ont un livre entre les doigts ils ne trépignent pas quand il s’agit d’attendre un peu. Ils ne sont pas du genre à se mettre dans le plat, on leur a appris le tact et la politesse. Et il ne sont pas plats non plus, aucune verrue plantaire ne les ferait se distinguer du lot ni même un « index » comme les champignons (mais non : pas en forme de champignon, un « index » à la grecque). Bref, mes pieds, en résumé, ça donne : RAS. Mais bon, je viens de leur acheter des chaussures avec, dixit, des semelles qui permettent « de décharcher l’électricité statique accumulée tout au long de la journée et d’être en même temps en contact avec les énergies de la terre » alors je sens que bientôt, ils auront plus de choses à raconter, rapport au magma, tout ça…

Fabienne Séguy




Illustration : Gontault le Gouril



« Tatou véloce ? Bon, tu partageras la tente de Panda gourmand… »
C’est le chef qui parle, et Tatou véloce, c’est moi. Je viens d’arriver dans la troupe, je suis tout neuf et il ne sait pas bien encore quoi faire de moi. Discrètement, je jette un œil à Panda gourmand… Comme l’indique son totem, c’est un petit gros à l’air placide qui se nourrit exclusivement de pousses de bambous. Ça l’occupe une bonne partie de la journée et ça m’arrange, parce que j’ai un secret. « Tatou véloce », la carapace, tout ça c’est une couverture. En réalité, je suis « Chèvre hardie ». Mais bon, c’est une troupe de scouts cathos et les pieds fourchus, maman n’était pas sûre que ça le fasse. Alors on a combiné ça. Bon. Tant que je n’ai pas à me déchausser, ça va. Y’a que le soir, sous la tente… Même Panda gourmand, il trouverait ça louche que je dorme avec mes brodequins. Comme il est du style à ruminer son missel en se mâchonnant distraitement la pousse, j’avais une chance de passer quinze jours de vacances peinard. Alors on a fait comme ça : j’ai posé mon barda sous sa tente et on a été faire un grand jeu de piste. Le soir, on est rentrés crevés au camp, mais joyeux et le cœur plein de chansons, qui ont trouvé à s’épancher auprès d’un bon feu de camp, et puis on a été se coucher.
J’ai tâché d’y aller en premier, histoire de me glisser dans mon duvet sans témoins. Quand Panda est entré, je lui ai quand même trouvé un petit air furtif. Il a reniflé deux ou trois fois, comme ça, histoire de faire comme s’il y avait comme une odeur… une odeur de… de fromage de chèvre, il m’a dit. J’ai dit non, je trouve pas, d’un ton bien sec, parce qu’il faut couper court tout de suite dans ce genre de trucs. Mais, quand même, il avait son petit air furtif en sortant son missel et sa lampe de poche. Et il a continué à renifler, à petits coups… Furtif, je vous dis.
J’étais inquiet, mais bon, la vie au grand air, ça fatigue (d’accord, c’est de la bonne fatigue, mais ça fatigue), alors je me suis endormi.
Mais le lendemain, après un bon rallye et un bon feu de camp, ça a recommencé ! Et la nuit suivante itou. Toujours ces petits reniflements sournois, là…
Et la nuit d’après, celle qui a suivi la soirée crêpes et cidre nouveau, ce que je redoutais est arrivé : une bonne envie de faire pipi, en pleine nuit. Une nuit de pleine lune, en plus, bien claire, qu’on aurait pu trier les poux des puces sans avoir le 220.
Bon. J’essaye de faire le moins de bruit possible pour m’extirper de mon duvet. Je sors un sabot. Un autre. Je fais glisser la fermeture éclair, cran par cran. Tout va bien, le nounours ronfle toujours, une vraie toupie… Je passe la tête, le buste et… Aouch ! Une mâchoire d’acier se referme sur ma pauvre patte et me refais passer la toile. Un souffle chaud me glisse au creux de l’oreille « Ah ! ah ! Imbécile, tu croyais m’échapper ? Mais on ne m’échappe pas, à moi, foi de Loup-perfide-qui-se-fait-passer-pour-un-panda-pour-choper-les-petites-chèvres-qui-voudraient-s’offrir-quinze-jours-de-vacances-chez-les-Scouts d’Europe ! A nous deux, Blanchette ». J’ai lutté courageusement jusqu’au matin, mais faut rien exagérer et, au lever du soleil, il m’a bouffée.

Yann Fastier





Illustration : Illustration : Magu




Mes pieds mentent comme des arracheurs de dents. Ils ne racontent pas n’importe quoi, non, ce qu’ils avancent est toujours plausible. C’est d’ailleurs ce qui rend si malaisé le fait de les démasquer. Ensuite, ils rient sous cape, sous chaussettes, sous socquettes. Dans ces moments là, ils ont généralement très mauvaise haleine. A quelle heure l’archiduchesse est-elle sortie pour faire sécher son linge ? Inutile de leurs poser cette question, vous ne saurez jamais la vérité. Mon petit doigt est plutôt digne de confiance, un tantinet mauvaise langue peut-être, il s’évertue à délaisser le bobard au profit du scoop en béton. Mes pieds eux, n’en font qu’à leur tête. Ils fomentent, ourdissent et complotent dans l’ombre avec délectation.
De toutes les parties de mon anatomie, ce sont les seuls qui ne sentent pas l’honnêteté. Pourtant, il est impossible de leur en vouloir tant leur charme est grand. Mes pieds ont quelque chose de préhistorique. Il suffit de les regarder quelques instants pour avoir l’intuition que l’homme ne s’est pas fait en un seul jour. En quelques contours sinueux, quelques articulations et quelques poils follets, c’est toute l’histoire de l’évolution qui se dessine sous mes yeux. Je n’en crois pas mes oreilles.

Marc Guillerot





Illustration : Zézette




Cinq orteils, un gros pouce pour une poussée maximale, bien arrondi au niveau du petit afin d'avoir une fluidité maximum en virage; pointure 41, bonne tenue au vent de face ; voûte creusée, limite l'échauffement en autorisant une circulation optimale de l'air et profilés sur le dessus.
Non, franchement j'en suis content !
Pis alors ces coussinets dessous là qui optimise l'adhérence, quelle idée de génie.
Bon, moi j'aurais vu des crampons, mais on peut pas se plaindre, ça tient le pavé.
Y a qu'un truc, c'est ce rose là, vous prévoyez de sortir des modèles homme?

Yo




Illustration : Maria Jalibert




Gaston était mauvais danseur
sur la piste comme au lit
il remuait comme un oignon
pour s'éviter des tours de rien
elle se pendait à son cou
escaladait ses ripatons
elle lui parlait d'amour
il lui pinçait les seins
ce qu'il était con Gaston
il était con comme un lacet
et il baisait comme un talon

Bobi




Illustration : Chadou Yama




Petits petons maltraités toute la journée dans des chaussures à bouts pointus et qui s'obstinent à ne pas le devenir. Cinq doigts de pied ridicules, on dirait des chenilles grasses et raides. Y'a pas, les pieds c'est moche, mais les miens sont dans la moyenne supérieure des pieds. Depuis deux ans ils ont en plus le privilège de garder la marque d'un mauvais coup de soleil pris au travers mes nu-pieds, j'ai donc les dessus de pied zébrés. Eh oui, ça c'est la classe.
Mes pieds, des tricheurs aussi, qui feignent chausser une pointure de plus avec de grosses chaussettes de mamie, mais on y est bien. Dans les baskets, avec deux pointures de trop, on est super à l'aise. Mes orteils sont bien contents de pouvoir jouer dans la chaussure.
Les pieds qui puent enfin, consignés en dehors de la tente quatre personnes pour raisons sanitaires, bien cernés par la fermeture, afin qu'un coup de vent n'infecte pas l'intérieur de la toile. C'est eux les vrais routards, eux ils dorment toujours la tête dans les étoiles.

Héléna




Illustration : Cracra




Mes pieds rasent la moquette, à l’affût. Il fait encore sombre dans l’appartement, l’heure de la chasse. Ils se déplacent de ci de là, dans le plus grand silence. Un rien les fait s’immobiliser, tendus et souples à la fois, tout à la perception de leur environnement. Mes pieds sont de grands fauves. Ils s’approchent un instant de la commode, se glissent à la lisière du meuble pour finalement faire demi-tour. Rien ne leur échappe, les moutons tremblent sous le lit à leur seule évocation. Soudain, ils s’arrêtent, les proies sont en vue. Elles sont là, a portée, inconsciente du danger qui les guette. Les muscles se tendent, la concentration est à son comble, un bond. Les pantoufles frémissent, trop tard ! les magnifiques prédateurs les entraînent déjà vers la cuisine.

Maurice



Illustration : Naya



Moi seule sais

On peut pas dire qu'ils soient vraiment jolis si vous voulez tout savoir !
Longs sans doute, maigres c'est sûr, plats c'est limite...
Mais rien ne serait sans eux : des jeux d'enfants acrobatiques interminables et fraternels, des émerveillements maternels attendris, des grimpettes vertigineuses sur les rochers, des ascensions montagnardes glacées et complices, des odeurs à se tordre de rire, des ampoules à se tordre de douleurs, des massages doux et sensuels, des traversées désertiques magiques, des chemins courus par monts et par vaux, des kilomètres de manifs pas toujours victorieuses, une rencontre amusante un soir de printemps sous la table....
C'est en y réfléchissant ce soir que je comprends finalement comment je prends mon pied...et je fais à celle qui n'y aurait jamais cru, un pied de nez impertinent, définitif et ravageur !
Seule moi sais où ça peut mener "vos pieds".

KtiGairi



Illustration : Bobi



02 avril, 2006

 
C’est un fait peu connu. Si peu connu que moi-même, je n’en sais rien. Est-ce une raison suffisante pour le passer sous silence ? Certes non mais voilà, avec la meilleure volonté du monde (qui en douterait), je suis dans l’incapacité de vous en divulguer la moindre bribe.
Autant passer à autre chose. D’accord mais quoi ? Il est bien beau de vouloir sauter du coq à l’âne mais il suffit que ce dernier, connu pour ses résolutions aussi subites que fermes, choisisse ce moment pour un pas de côté et vous voilà par terre. La rédaction, les scénaristes, les metteurs en scène, les accessoiristes, les costumières, les décorateurs et les éclairagistes de ce blog ne sauraient en aucun cas être tenus pour responsable de ce faux pas qui pourrait vous coûter quelques mois d’hôpital. Imaginez un peu, tout ces jours sans rien pouvoir faire d’autre que tailler le crayon avec lequel vos proches se feront un plaisir de couvrir d’inepties votre beau plâtre en plâtre (que vous le vouliez ou non). Ces semaines entières uniquement consacrées à écrire tout un tas de beaux textes pour le jeu, à dessiner une somme impressionnante d’illustrations hautes en couleurs. J’en frémis d’avance.
Foin des coqs et des ânes, revenons à nos moutons. Je vous parlais donc d’une chose que j’ignore, la voici : vous n’êtes pas sans savoir que chacun des doigts de vos mains porte un nom, l’index, le majeur, le pouce et j’en passe. A l’inverse, je me trouve dans l’incapacité de citer les noms des doigts de pied. Celle ou celui qui pourra me renseigner sur ce point recevra en cadeau une dédicace faite avec mon pied.

Marc Guillerot



Règle du jeu numéro 25 - Avril 2006 :

"Vos pieds"


- Ecrire un texte de 15 à 25 lignes

- Illustration… alors là ! Tout est permis, il s’agit d’en profiter…

Vous avez jusqu’au 30 avril 20h00 (tout retardataire aura un gage)

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