Ecrire et illustrer: janvier 2006

31 janvier, 2006

 


Voici les résultats du jeu n° 22 - janvier 2006


Le sujet était :

Ecrire la suite en 15/25 lignes du texte suivant (auteur = Yobu) :

"
Le chemin serpente entre les arbres, des saules, des bouleaux et beaucoup de hêtres droits et hautains.
Il y a bien vingt minutes que je monte, il me semble sentir les effluves marines de la baie des australiens, cette odeur caractéristique d’algues rouges.
Je suis pourtant loin de la mer.
Tout en bas, dans la clairière, j’ai croisé un vieil âne hilare.
Maintenant la végétation change, la forêt semble moins dense et les chênes ont pris le pouvoir. Je commence à sentir le vent percer mes vêtements.
Bientôt, j’arriverai au vieux mur d’enceinte, devant le portail d’ébène éclaté
".

Pour les illustrations, il fallait faire de son mieux (ce qui est un moindre mal)



.......


Le chemin serpente entre les arbres, des saules, des bouleaux et beaucoup de hêtres droits et hautains.Il y a bien vingt minutes que je monte, il me semble sentir les effluves marines de la baie des australiens, cette odeur caractéristique d’algues rouges.Je suis pourtant loin de la mer.Tout en bas, dans la clairière, j’ai croisé un vieil âne hilare.Maintenant la végétation change, la forêt semble moins dense et les chênes ont pris le pouvoir. Je commence à sentir le vent percer mes vêtements.Bientôt, j’arriverai au vieux mur d’enceinte, devant le portail d’ébène éclaté.
- Et maintenant ?!
- Oui ben excuse- moi mais c’est bien la première fois que j’arrive aussi loin !
- Mais regarde !
- Comment ça, il me faut encore des munitions.
- Ah bon ? Y a tous ça derrière cette maudite porte ? Tu rigoles j’espère !
- Nan mais moi j’m’appelle pas Lara Croft, t’es fou !
- Tiens, j’te rends tout, de toutes les façons, il est nul ce jeu, et en plus t’as vu la tronche de l’âne, un âne ! non mais je rêve…
- Non je ne m’emporte pas, je constate juste que je suis arrivée au niveau V et toi tu es en train de m’expliquer qu’au niveau suivant, les dragons vont m’en mettre plein la vue, si je n’ai pas ses foutus munitions, je vais devoir repartir à zéro, pour des MUNITIONS.
- Et puis, c’est pas pour dire, mais je ne comprends pas, non je ne comprends pas où est leur logique, pourquoi avoir planté un âne en plein milieu du décor, alors que juste après il paraît que je risque d’être nez à nez avec des dragons ? Fantastique, réalité, ils nous inventent quoi là ?? Le réélastique ?
- Je n’y connais rien, peut être…mais, ça me laisse perplexe
- Non je m’attarde pas sur des futilités, non
- Tiens, je te laisse la manette, moi je m’en vais…
- ET NON JE NE SUIS PAS ENERVÉE !!!

Zézette



Illustration : Zézette



Le chemin serpente entre les arbres, des saules, des bouleaux et beaucoup de hêtres droits et hautains.Il y a bien vingt minutes que je monte, il me semble sentir les effluves marines de la baie des australiens, cette odeur caractéristique d’algues rouges.Je suis pourtant loin de la mer.Tout en bas, dans la clairière, j’ai croisé un vieil âne hilare.Maintenant la végétation change, la forêt semble moins dense et les chênes ont pris le pouvoir. Je commence à sentir le vent percer mes vêtements.Bientôt, j’arriverai au vieux mur d’enceinte, devant le portail d’ébène éclaté.
Et là, les amis, ça va être la folie. Car, en parlant de mur d'enceinte, je veux dire 10.000 mégawhatts en quadriphonie double boost bass dynamique, monté en séries parallèles sur 3 rails isophoniques avec connexion coniques synch dropées. La putain de classe quoi ! Et les lights ! Le système est dimensionné pour éclairer 200.000 teufeurs avec les couleurs, les strobos et tout le toutim. Les étoiles n'ont qu'à bien se tenir. Pour que vous vous rendiez bien compte de l'ampleur de La Chose : si tout ça pète, on verra la lumière jusqu'à Hiroschima. Le nucléaire, c'est pas un truc de pédés.
Ca va être génial. Dommage que mon van soit tombé en panne à 1 km du site. A moins que c'était le parking. Je ne sais plus. Le retour va être rude. Mais chaque chose en son temps. Pour l'heure, j'ai un plein pochon d'algues rouges, direct from les quais de l'Amstel. C'est de la balle. De quoi danser toute la nuit et tout demain et toute la nuit de demain. Quelqu'un a dû en filer à l'âne. Où alors, c'était un gros chien. Je ne sais plus. Même les baobabs se marrent. Certains se douchent avec du Obao, sous la pluie tropicale qui s'est mise à tomber par endroits. D'autres rigolent et aboient. J'en vois encore d'autres, là-bas, tout en haut, qui pissent contre des platanes, plantés là je ne sais pas pourquoi. Je m'assois sur une souche de la dernière tempête. Je n'en peux plus. Plus que 50 mètres. Je reprends mon souffle et une alguiche. Pour la route. Ca va être la fête.

Docteur No



Illustration : Kiwivole



Le chemin serpente entre les arbres, des saules, des bouleaux et beaucoup de hêtres droits et hautains.Il y a bien vingt minutes que je monte, il me semble sentir les effluves marines de la baie des australiens, cette odeur caractéristique d’algues rouges.Je suis pourtant loin de la mer.Tout en bas, dans la clairière, j’ai croisé un vieil âne hilare.Maintenant la végétation change, la forêt semble moins dense et les chênes ont pris le pouvoir. Je commence à sentir le vent percer mes vêtements.Bientôt, j’arriverai au vieux mur d’enceinte, devant le portail d’ébène éclaté.
Et là j’entendrai à coup sûr, tout du moins je l’espère tant j’attends cette fête depuis longtemps, les rires et les chants de 20 bûcherons hilares, tout à la joie du travail bien fait et achevé. Certes c’était peut-être une lubie de la part de ce châtelain d’un autre âge d’avoir voulu entrer dans la modernité en rasant la totalité des arbres de son domaine pour en faire une immense patinoire d’été avec spectacle d’Holiday on Ice tous les week-ends, mais enfin, moi, du moment qu’il a donné du boulot pendant plus de trois semaines à mon équipe de bûcherons, j’y vois trop rien à redire. Alors bon, comme j’ai quelques éléments point malhabiles dans des travaux plus fins frisant la menuiserie, peut-être quand même qu’on lui réparera un peu son portail sur le marché, vu que le grand Jacques m’a dit l’autre jour en rentrant du boulot qu’il était tout défoncé (le portail, pas le grand Jacques).

Fabienne Séguy



Le chemin serpente entre les arbres, des saules, des bouleaux et beaucoup de hêtres droits et hautains.
Il y a bien vingt minutes que je monte, il me semble sentir les effluves marines de la baie des australiens, cette odeur caractéristique d’algues rouges.
Je suis pourtant loin de la mer.
Tout en bas, dans la clairière, j’ai croisé un vieil âne hilare.
Maintenant la végétation change, la forêt semble moins dense et les chênes ont pris le pouvoir. Je commence à sentir le vent percer mes vêtements.
Bientôt, j’arriverai au vieux mur d’enceinte, devant le portail d’ébène éclaté.

S’il est encore là. Cela fait plus de trente ans que je ne suis pas venue.
Et je chante :

Je n’ai pas manqué de temps
Je n’ai pas mangé de temps en temps
Tant de fleurs ont poussé, qui ont été coupées :
La fleur de mon âge, la fleur au fusil
...........de mon beau fusilier
Marin
Capitaine ! Capitaine !
As-tu vu la Baleine ? As-tu vu la Hautaine ?
J’ai rien vu, je me suis endormie,
J’ai dormi
Dormi je crois bien
Bien dormi, j’ai dor…
Dors encore, ma jolie ma joliette
Mon noyau ma bûchette
Et mon cœur…
Le mien battra pour toi
La campagne et les tapis
La chamade et l’omelette
La mesure et les tant pis tant mieux
...........du ressac

Le portail est là, debout. Les arbres et la maison, debouts, de nouveau. Le chien, debout, revenu de sa mort sale et ma mère…

Yann Fastier



Le chemin serpente entre les arbres, des saules, des bouleaux et beaucoup de hêtres droits et hautains.Il y a bien vingt minutes que je monte, il me semble sentir les effluves marines de la baie des australiens, cette odeur caractéristique d’algues rouges.Je suis pourtant loin de la mer.Tout en bas, dans la clairière, j’ai croisé un vieil âne hilare.Maintenant la végétation change, la forêt semble moins dense et les chênes ont pris le pouvoir. Je commence à sentir le vent percer mes vêtements.Bientôt, j’arriverai au vieux mur d’enceinte, devant le portail d’ébène éclaté.
De l’ébène ; une essence rare ; comme si les arbres ici, tourmentés un peu par le vent et le sel, n’atteignaient pas à assez de dignité.
De la mousse ; du mica ; des éboulis ; des portions de mur encore droites, hautes, qui appellent à l’escalade.
Je n’ai jamais été téméraire, sinon à travers mes rêves ; ils ont nourri mes aventures. Perchée là haut, j’imagine une splendeur évanouie et je regrette mon enfance qui excusait et légitimait les inventions de l’imaginaire et leur donnait presque réalité ; un intendant, des chiens, des hommes en arme même auraient alors pu apparaître ; ou encore un vieil aristocrate ruiné et déchu, haineux des étrangers ; au delà de ses murailles, les barbares…
De fait, personne ne m’a poussée à venir ; la curiosité ? l’audace ? le vague à l’âme ? une forme de détermination qui m’impose de comprendre, de passer outre toutes les barrières du passé et de l’imaginaire, cette somme d’appréhensions ? ; enfin, « m’imposait » ; car ici, au pied du mur…
Je ne suis qu’une étudiante en histoire ; ce travail sur les sociabilités villageoises au Dix-neuvième siècle ne m’imposait même pas de me pencher sur le culte de l’irrationnel que cultivait ces gens ; les croyances ont la vie dure ; sorciers et sorcières en herbe n’ont pas disparu.
Mais je ne crois pas à tout ça ; éprise de rationalité ! tout s’explique ! inconnu ne veut pas dire sur-naturel ! toutes ces frayeurs nées de l’incompréhension et la méconnaissance ! bêtises !je n’ai pas peur ; enfin, un peu quand même ; mais l’environnement s’y prête ; et puis en fait, parler à voix haute n’arrange rien ; ma voix a ici un écho étrange, aux accents différents, une tessiture inconnue, une drôle d’évanescence.
N’importe qui rirait franchement de mes atermoiements : cruels esprits baignés de littérature, amoureux transis du Club des 5, ou de Fabio Montale, James Bond en herbe, privés modernes, adolescents tardifs étreints d’émotion devant les magies d’un château baigné de brume, pauvre Emma dépitée, dépossédée de son traumatisme romantique, fans des terreurs fantastiques.
Le soleil a poursuivi sa course ; l’air est moins vif ; j’ai faim.
Il serait simple de faire demi-tour ; belle promenade somme toute. Ce ne serait qu’une question de plus sans réponse. Mais qui m’imposerait de revenir !
Qu’est-ce qui a pu donner vie à ces légendes ?
Alors j’avance.
De l’autre côté, même décor ; même paysage.
Il faut encore marcher.
Mais je les vois enfin.
Elles semblent assises en cercle sur l’esplanade désolée. Je les vois.
Pour voir et étudier leurs visages rigides et éteints de marbre altéré par les intempéries et le soleil je dois les contourner.
« Qui les a observées, qui les a caressées, qui les a entendues murmurer participera à leur ronde. » Cette pauvre femme a vraiment utilisé tous les ressorts de la peur, les vieilles croyances populaires, la foi instinctive de ces gens en l’irrationnel pour s’assurer respect et crainte ; l’une des dernières praticiennes en sciences occultes du hameau, anachronique, héritière d’une oralité bien ancienne, mais très prégnante encore : personne d’ici n’a accepté d’expertiser les statues ! ; à première vue elles auraient toute leur place dans le parc du musée.

Et puis je ne peux plus bouger.
Clouée.
Transie de peur.
Un mauvais rêve !
Un frisson de terreur.
Elles me font face !

Mélusine


Le chemin serpente entre les arbres, des saules, des bouleaux et beaucoup de hêtres droits et hautains.Il y a bien vingt minutes que je monte, il me semble sentir les effluves marines de la baie des australiens, cette odeur caractéristique d’algues rouges.Je suis pourtant loin de la mer.Tout en bas, dans la clairière, j’ai croisé un vieil âne hilare.Maintenant la végétation change, la forêt semble moins dense et les chênes ont pris le pouvoir. Je commence à sentir le vent percer mes vêtements.Bientôt, j’arriverai au vieux mur d’enceinte, devant le portail d’ébène éclaté.
Cette balade journalière me fait le plus grand bien. Au retour, je crache mes pages avec facilité. C’est une bonne idée de m’être installé ici pour écrire ce foutu bouquin. Certes je m’emmerde un peu, pas beaucoup d’animation dans le patelin. En attendant, je mange bien, je dors bien et j’avance dans mon boulot.
Si tout va bien et que je tienne le même rythme, dans quinze jours, trois semaines maximum, je retrouve la civilisation.
Bizarre cette construction en pleine forêt, cette enceinte qui ne renferme rien. J’avais prévu d’explorer la région, une marche différente chaque jour, il y a plein de choses à voir dans le coin mais…
Tous les matins je me retrouve ici. Je m’arrête un moment devant le portail, puis je redescends vers la mer. Une seule fois j’ai dépassé le portail.
Je me souviens, le seul jour de temps gris depuis mon arrivée. J’étais un peu déprimé et n’avais pas très envie de retourner travailler. A l’intérieur de l’enceinte, la forêt est très dense. Plusieurs pistes s’y enchevêtrent, que j’ai commencé à explorer. Je m’attendais à découvrir une bâtisse, mais rien, pas même des ruines.
Très vite, j’ai commencé à ressentir un malaise, d’abord sous forme d’une angoisse sans objet. Puis j’ai commencé à me dire que je perdais mon temps, que je devrais déjà être en train d’écrire. Cette inquiétude s’est transformée en une sorte de panique et c’est presque en courant que j’ai rejoint ma table de travail.
Après coup, j’ai trouvé ma réaction un peu ridicule mais dès le lendemain je reprenais le même chemin jusqu’à l’enceinte.
J’ai rarement autant travaillé de ma vie, mis à part cette balade d’une heure, quelques pauses déjeuner et cinq ou six heures de sommeil, je ne fais que ça.
Thierry avait raison en me conseillant de venir m’installer quelques semaines. Tous les auteurs qui ont séjourné ici pour travailler ont bien bossé.
Il s’y connaît Thierry, en auteurs, c’est mon éditeur.

Marc Guillerot


Illustration : Marc Guillerot



Le chemin serpente entre les arbres, des saules, des bouleaux et beaucoup de hêtres droits et hautains.Il y a bien vingt minutes que je monte, il me semble sentir les effluves marines de la baie des australiens, cette odeur caractéristique d’algues rouges.Je suis pourtant loin de la mer.Tout en bas, dans la clairière, j’ai croisé un vieil âne hilare.Maintenant la végétation change, la forêt semble moins dense et les chênes ont pris le pouvoir. Je commence à sentir le vent percer mes vêtements.Bientôt, j’arriverai au vieux mur d’enceinte, devant le portail d’ébène éclaté.
Ca y est, j’y suis, je franchis le portail. Je commence à redescendre.
Maintenant la végétation change à nouveau, la forêt semble plus dense et les chênes ont laissé le pouvoir. Je commence à ne plus sentir le vent percer mes vêtements.
Tout en bas, dans la clairière, je croise un autre vieil âne hilare.
Il y a bien vingt minutes que je descends, il me semble ne plus trop sentir les effluves marines de la baie des australiens, cette odeur caractéristique d’algues rouges.
J’étais pourtant loin de la mer.
Le chemin serpente entre les arbres, des saules, des bouleaux et beaucoup de hêtres droits et hautains.
Merde, ça ressemble drôlement à l’autre côté, en fait…

Michel DELLA VEDOVA



Le chemin serpente entre les arbres, des saules, des bouleaux et beaucoup de hêtres droits et hautains.Il y a bien vingt minutes que je monte, il me semble sentir les effluves marines de la baie des australiens, cette odeur caractéristique d’algues rouges.Je suis pourtant loin de la mer.Tout en bas, dans la clairière, j’ai croisé un vieil âne hilare. Maintenant la végétation change, la forêt semble moins dense et les chênes ont pris le pouvoir. Je commence à sentir le vent percer mes vêtements.Bientôt, j’arriverai au vieux mur d’enceinte, devant le portail d’ébène éclaté.
C'était il y a quatorze ans. Mais je me rappelerai toujours ton arrivée sur la pointe des pieds. Comme un oiseau qui sautille. Comme si la route te faisait mal. Comme si elle t'intimidait. J'aurais voulu courir vers toi pour t'apaiser plus vite. Mais mon corps sombrait dans l'affolement par pans entiers. J'avais préféré m'asseoir et te regarder venir depuis mon banc. Quand tu as touché ma main j'ai fait comme si c'était un accident. Je voulais t'embrasser mais j'ai fait comme si ce n'était pas urgent. Et j'ai laissé le temps s'enrouler autour de tout ça. Quatorze ans. Et voilà qu'aujourd'hui tu reviens.

Bobi


Illustration : Bobi



Le chemin serpente entre les arbres, des saules, des bouleaux et beaucoup de hêtres droits et hautains.Il y a bien vingt minutes que je monte, il me semble sentir les effluves marines de la baie des australiens, cette odeur caractéristique d’algues rouges.Je suis pourtant loin de la mer.Tout en bas, dans la clairière, j’ai croisé un vieil âne hilare.Maintenant la végétation change, la forêt semble moins dense et les chênes ont pris le pouvoir. Je commence à sentir le vent percer mes vêtements.Bientôt, j’arriverai au vieux mur d’enceinte, devant le portail d’ébène éclaté.
Bientôt je serai tout en haut. Là haut, tout en haut toute la poésie de la montée tombera, je n’entendrai plus que mon souffle improbable, l’odeur d’un homme qui a marché sans compter l’effort, je serai sale de cette montée. Mais là haut je serai tout en haut, plus haut, ça n’existera pas pour moi à cet instant, je serai allée au bout, j’aurai vu. J’aurai vu qu’en fin de compte tout en haut je n’en suis pas moins bête. Mais je me sentirai accomplie, c’est mon humanité que je cherche dans cette quête de l’ultime sommet, et même si la montée m’a contrainte à repasser parfois à quatre pattes, en pensée pourtant j’atteignais déjà mon objectif d’humanité. L’absurde, en haut tout en haut de la montée.

Héléna Bonnet


Le chemin serpente entre les arbres, des saules, des bouleaux et beaucoup de hêtres droits et hautains.Il y a bien vingt minutes que je monte, il me semble sentir les effluves marines de la baie des australiens, cette odeur caractéristique d’algues rouges.Je suis pourtant loin de la mer.Tout en bas, dans la clairière, j’ai croisé un vieil âne hilare.Maintenant la végétation change, la forêt semble moins dense et les chênes ont pris le pouvoir. Je commence à sentir le vent percer mes vêtements.Bientôt, j’arriverai au vieux mur d’enceinte, devant le portail d’ébène éclaté.
Au travers, j'apercevrai cette vieille maison bourgeoise abandonnée, moitié masquée par les arbres et la broussaille qui ont envahit le parc.
Quand je faisais ce rêve au début, je marchais le long de la Vienne en direction du Palais et j'arrivais au vieux mur qui monte dans les bois.
Lorsque je franchissais ce mur, je me retrouvais dans l'exact reflet inversé de l'endroit d'où je venais, comme si j'avais fait demi-tour.
Plus j'avançais et plus je prenais conscience de cette ressemblance étonnante.
Quelque chose avait changé cependant, tous les sons me parvenaient comme assourdis, et beaucoup plus graves, un peu comme si je percevais les vibrations provoquées par mes pas ou la chute de la pluie sur le sol au lieu de les entendre.
Je marchais, je croisais des gens qui émettaient des bruit sourds, éberlué je revenais dans Limoges jusque chez moi.
Dans la maison, il y avait ma femme qui émettait des bruit sourds dans ma direction en me voyant rentrer.
Ca s'arrêtait là, je me réveillais avec cette étrange sensation d'être un peu perdu, de ne pas être à ma place.
Plus tard, ce rêve a changé, il y avait ce portail cassé dans le mur au milieu de la forêt, ce n'était plus le même mur et plus le même endroit.
Il y avait cette grande maison carrée que l'on aperçoit à l'entrée de Saint Léonard, je m'approchais et je ne savais pas ce que j'allais trouver à l'intérieur.
Et pourtant je connais l'intérieur de cette maison.
On y rentre par la cave, il y fait toujours sombre parce que tous les volets sont fermés, au rez de chaussé un grand escalier en bois fait face à la porte, il y a quatre pièces.
A gauche de l'entrée trône un vieux piano désaccordé (Gaveau-1887) et le sol est jonché de partitions, dans la pièce d'à côté, une armoire vitrée remplie de médicaments périmés.
A l'étage un lit et des vêtements éparpillés un peu partout, et une perruque également.
La nuit souvent une ou deux chauve-souris parcourent les espaces de la maison.
Écouter.
Assis dans l'obscurité, le vol fait un bruit particulier, un peu comme le froissement d'un tissu fin.
On dit que c'est la veuve d'un médecin qui habitait ici et qui y est morte, je me suis promené dans sa maison et le long de ses affaires mises à sac et chaque fois son visage m'apparaît sous le traits de Marguerite Duras, La Duras de la photo avec Depardieu pendant le tournage du film « Le Camion ».
Je ne sais pas pourquoi Duras.
Hier soir, après la tombée de la nuit, je suis allé me balader en bord de Vienne une petite demi-heure jusqu'au pont de l'autoroute, quinze centimètres de neige, il y avait cette uniformité blanche et ce silence ahurissant, et puis personne.
Ca m'est toujours resté en tête, assis les yeux fermés dans l'obscurité, le son du vol de cette chauve-souris qui me frôlait parfois, à peine un son, j'étais assis par terre contre une porte.

Yobu



Illustration : Yobu



04 janvier, 2006

 
Tu ne connais rien aux batraciens ? Ce n’est pas dramatique et on peut considérer que la réciproque est assez vraie. Jacques Chirac connaît-il des choses sur le Père Noël ? Jusqu’à ce matin, j’en doutais absolument et maintenant, je ne suis plus sûr de rien. Sans doute vous demandez-vous si je ne serais pas en train de vous menez en bateau ? Ce n’est pas impossible mais vous auriez tord de vous méfiez, la mer est belle, la météo adorable et les vastes horizons maritimes ne sauraient être que bénéfiques à vos santés balbutiantes d’entrée dans l’hiver. Ne dites pas non, j’en entends renifler jusqu’ici. Quant à Jacques Chirac, il ne viendrait à l’idée de personne de le confondre avec un animal marin. Le Père Noël non plus d’ailleurs. Et voilà déjà un point commun entre Jacques Chirac et le Père Noël. Et ça, Jacques Chirac le sait bien ! Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il en abuse mais si l’un d’entre vous le disait, je ne lui en tiendrais nullement rigueur. Par les temps qui courent, il est bon de laisser la rigueur au climat. Quant à savoir si Jacques Chirac aurait abusé du Père Noël, c’est une question difficile et qui mérite réflexion. Toujours est-il que ce matin, j’ai appris que lorsque Jacques Chirac et le père Noël étaient petits, ils étaient dans la même classe. Je vous laisse deviner qui était le cancre. Un de ces jours lointains où l’innocence avait encore une signification pour Jacques Chirac, il aurait facétieusement uriné dans le cartable du père Noël. Dingue, non ? Ceci pourrait du moins expliquer la légère odeur d’urine que dégage le père Noël, et son rapport maniaque à sa hotte. J’en entends qui s’insurgent : « Comment ! Le père Noël sentirait le pipi ? » Hé bien oui ! L’homme en rouge sent l’urine. Et pourquoi pas ? Vous croyez peut-être que Jacques Chirac sent la rose ?

Marc Guillerot


Règle du jeu n° 22 - Janvier 2006


Le texte qui suit nous est proposé par l’ami Yobu. Sa proposition ? Continuer le texte (de 15 à 25 lignes) ; tous les coups sont permis. Allez-vous franchir le portail ? Rebrousser chemin ? Trouver votre propre solution ? C’est ce que nous découvrirons le 31 janvier.
Quant à l’illustration, inspirez-vous du texte et faites pour le mieux…
Vous avez jusqu'au 31 janvier, 19h47...
Bon courage.

Le chemin serpente entre les arbres, des saules, des bouleaux et beaucoup de hêtres droits et hautains.
Il y a bien vingt minutes que je monte, il me semble sentir les effluves marines de la baie des australiens, cette odeur caractéristique d’algues rouges.
Je suis pourtant loin de la mer.
Tout en bas, dans la clairière, j’ai croisé un vieil âne hilare.
Maintenant la végétation change, la forêt semble moins dense et les chênes ont pris le pouvoir. Je commence à sentir le vent percer mes vêtements.
Bientôt, j’arriverai au vieux mur d’enceinte, devant le portail d’ébène éclaté.

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