Ecrire et illustrer: août 2005

31 août, 2005

 
Voici les résultats du jeu n° 17- juillet -août 2005

Le sujet pour les textes et illustrations était: "Faut-il remplir la piscine ?"
(Les textes et illustrations sont publiés dans l'ordre de leur réception).

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Illustration : Zézette


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- Faut-il remplir la piscine ?
- Ah ! Comme tu y vas ! Pour la piscine je ne sais pas, mais en tous cas ce qui est sûr, c’est qu’il n’y aura pas de crabes noctambules cette année. Et à vrai dire je ne m’en plains pas.
- Et des langoustes violonistes ?
- Je réserverai ma réponse tant que je n’ai pas d’informations sûres émanant de l’aquarium.
- Ta crevette grise y travaille toujours ?
- Oui, mais j’aimerais autant que ça ne s’ébruite pas trop auprès des autres poissons, merlus compris : c’est mieux pour la pêche, si tu vois ce que je veux dire…
- Oui c’est vrai, c’est toujours embêtant ce genre de choses : quand les filets capturent des épuisettes armées de cannes à pêche, c’est vraiment qu’il y a un truc qui déconne dans le port. Et j’espère que ce qui est arrivé à la truite à la dernière marée ne se reproduira pas de sitôt.
- Tout à fait d’accord. Bon sinon, comme j’ai ma palme qui vire au rouge, il va falloir que je te quitte : donc pour la piscine on voit, mais par contre on met le paquet sur les marais salants.
- Gloups.

Ce dialogue est extrait de Histoire des services secrets maritimes et de rivières, chapitre Codes et langages secrets

Fabienne Séguy





Photo : Yann Fastier

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" Faut-il remplir la piscine ?" Le problème ne se pose pas dans ces termes
là. La question n'est pas "Faut il remplir la piscine ?" mais plutôt " comment faire pour que l'eau reste dedans pendant que moi j'y rentre ?" En
effet, comme Obelix dans le "Bouclier Arverne", il n'y a sûrement pas de
place pour tout le monde ( moi, mon ventre et l'eau ) dans cette satané
piscine. A moins peut être de m'installer dans la piscine vide, puis de la
remplir ensuite ( et il ne faudrait pas beaucoup d'eau, et donc, pas de
gaspillage pendant ces périodes de sécheresse.)

Un autre problème risque de se poser : mon ventre immergé ne risque t' il
pas de subir une poussée verticale de bas en haut et égale au poids du
liquide déplacé, autrement dit, ça se pourrait que mon ventre flotte et moi
aussi pas conséquent.... et alors, flotter dans une piscine gonflable, je
vais ma casser la gueule... et si je me casse la gueule dans la piscine,
alors toute l'eau va en sortir... drôle de cercle vicieux... Le mieux
serait que je fasse préalablement des essais en baignoire pour étudier les
effets de l'immersion d' un ventre, lui même composé partiellement d 'eau.
Mais tout cela risque d'être long et fastidieux ( d'autant plus qu'il
faudrait plusieurs sujets de tailles de ventre différentes, avec des niveaux d'eaux différents, de PH différents, etc...) et d'ici que les résultats de l’étude soit publiés, l'automne sera là, moi dégonflée et la piscine sera
sagement rangée dans le grenier (endroit qu'elle n'aurait pas dû quittée
cette année, d'ailleurs !).

Alors, non, ne la remplissons pas !!! Ce sera un gain d'énergie, de temps et de respect pour l'environnement !!! (Et puis zut, je n'ai pas de maillot de bain à ma taille, alors j'aurais l'air maligne avec Big Bidon)

Je vais donc, de ce pas, prendre une douche.

Sophie et son gros ventre

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Illustration : Cracra

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Faut-il remplir la piscine ? Faut-il, en plus, remplir la piscine ?
Nous avons déjà rempli et vidé tellement de choses que les poils m’en ont poussés jusqu’en haut des omoplates. Mon voisin Franck en est tout admiratif, il dit couramment que je devrais en faire des oreillers. Il s’y connaît bien et peut en parler des heures entières, ainsi que des coussins. Il était à peine pubère qu’il tricotait et cousait déjà des housses multicolores. Sa sœur les peignait, celle qui a de si longues jambes qu’elle pourrait uriner sur ma tête sans effort. J’imagine parfois le liquide dorée ruisselant dans l’embrouillamini de mes poils dorsaux. Souvent le dimanche, alors que je suis assis sous la voûte de pierre d’un lieu consacré, et que mes pensées devraient être pieuses et non humides.
Ils sont là tous les deux, mon voisin Franck et sa sœur, mais ils ne savent pas si je dois remplir la piscine, ni avec quoi. Il fait comme s’il ne voyait pas les seaux vides. Sa sœur se retient de faire pipi, de faire des commentaires, fait comme si je n’existais pas. Pour me donner une contenance, je lève la tête et regarde le ciel. Il est bleu. Un soleil sans bord fait péter son autorité. Je rissole, les pieds sur les deux centimètres de gazon réglementaires, immobile comme un mythe antédiluvien mais en moins noble. Je ne sais plus du tout quoi faire et l’immobilité m’est insupportable. Je touche à l’éternité du coin de mon malaise, mon voisin Franck souris et je ne sais plus à quel saint me vouer.

Martin Bigor

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Illustration : Bobi

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« Les choses ne se fabriquent pas toujours dans l’enthousiasme » disait Nicole à son colley que d’aucuns nommaient Cicéron à cause de son caractère compliqué. C’est qu’elle lui causait, à ce cabot qui barbotait mou, ses canines étant restés coincées dans un péroné de chicaneur. Elle avait pris l’habitude de ces conversations à l’occasion de la mort prématurée de son conjoint. Celui-ci était sur le point de la quitter en catimini pour une secrétaire callipyge, quand un faux pas l’avait occis. Veuve mais prospère, Nicole avait conservé les biens du ménage et ses liens au canin s’étaient resserrés. Elle entretenait Cicéron des menu choix du quotidien, mais aussi des grandes questions existentielles qui sont le lot commun des humains. S’il ne comprenait pas toujours tout, Cicéron évaluait avec justesse la gravité des question posées et savait faire face avec l’attitude appropriée. Naguère, une question d’allure banale lui donna pourtant du fil à retorde. Juste après le faux-pas du légitime maladroit, Nicole, perplexe, lui susurra : « Faut-il remplir la piscine ? » avant d’appeler les secours.

Mireille Barre

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crok2
Illustration : Zézette


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« Faut-il remplir la piscine ? » questionnait Robert devant les larmes de crocodile que versait Milène.

Marc Guillerot

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Piscine : « bassin artificiel pour la natation »

« Bassin » d’accord mais reste à voir le bassin ! Entre celui de mon père qui est tout petit (un bébé ne pourrait pas s’y noyer), celui du voisin qui sous-entend la richesse de son propriétaire et celui-ci qui ne permettrait pour rien au monde au quartier d’y glisser un doigt de pied et finalement les bassins publiques trop grands et pas tellement intimes. Eh ben moi, je ne m’y retrouve pas ! Quant à y faire de « la natation »…je sais faire la brasse moi et je trouve le nom de « brasse papillon » poétique (même si ce mot m’échappe un peu) mais en observant les nageurs je trouve pas tout ça très gracieux. Alors si en plus il est vide le bassin !
Mais une piscine (plus pratique que le mot bassin), ça sert à plus non ? Il me semble que les groupes d’amis et les familles ne sont pas conscients d’être au bord de quelque chose d’artificiel, creusé sans précautions avec de lourdes pelles mécaniques. L’endroit crée une ambiance et devient plus un lieu de vie. Le béton ou l’herbe réunit quelques groupes dans le but de les amuser et l’eau (voilà pourquoi la piscine doit être pleine !) est un terrain de jeux immense.
Maintenant videz « le bassin » à l’automne et alors il plaira à certains artistes amateurs qui se feront un plaisir de le repeindre, le laver et le nettoyer en profondeur !
Au final, ce bloc de béton sans charme et inintéressant ne mérite le nom de piscine que si le fond est bleu et si des bouées et de matelas traînent à son bord. Pourtant il devient indispensable aux vacanciers car symbole de beau temps et de folies.
La piscine plaît à tous (on oublie ceux qui ont frôlé la noyade et ceux qui ne savent pas nager) enfin je crois….je parle donc pour moi : ce qui me plaît c’est le changement de matière, on passe de la terre ferme à une substance liquide qui nous rend bien plus léger.
Pour terminer, remplissez-moi ces bassins !

Marine Grobet

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piscine
Illustration : Zézette

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Lorsqu’il reprit conscience, sa bouche était pleine d’abeilles. « Voilà c’que c’est que de s’endormir la bouche pleine de miel ! » cria Chloé, qui avait de très beaux seins et plus d’énergie que tout un régiment d’infanterie de marine. Se propulsant du transat à la vitesse d’un missile sol-air il plongeât dans la piscine, qui était pleine d’un air très pur aux alentour de 32 degrés. Sa dernière pensée fut un souvenir, celui de Chloé lui demandant, penchée au dessus du bassin : « Faut-il remplir la piscine ? »
Lorsqu’il reprit conscience, sa bouche était pleine de tubes.

Magu (d’après une idée originale de Yobu)

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Lorsqu’il arrivera, huilé comme un maquereau sans basilic, qu’il vous embrassera sur chacune de vos deux joues (grand dieu heureusement que vous n’en possédez que deux !) avec cet onguent poisseux et poissonneux en vous demandant si l’époux, les enfants, le chien, les poissons rouges et tante Victoria vont bien, vous lui répondrez, comme chaque année (car en dehors du mois de juillet, il ne s’en préoccupe nullement) « nous sommes comme des poissons dans l’eau ». Il n’oubliera pas (car il est venu pour cela) de sauter sur l’occasion et de vous rétorquer « de l’eau, oui comme vous dites ! Avec cette chaleur, il est appréciable d’avoir une belle et grande piscine comme la votre ! » Vous rétorquerez par un sourire d’apparence niaise mais en réalité sardonique. Votre silence sera pour lui l’occasion de placer LA phrase, cette phrase à laquelle vous n’auriez jamais du répondre par l’affirmative il y a déjà…oui, plus de huit ans : « Je pensais venir faire un petit plongeon dans votre belle et grande piscine » (mais pourquoi employait-il toujours ces deux adjectifs qui dans sa bouche prenaient une saveur écœurante ?) « Vous viendrez prendre un verre sur notre terrasse après, pour discuter un peu ! »
« Belle, grande, verre, terrasse… »Huit ans que chaque été, tous les jours où le thermomètre dépassait le 28°, vous entendiez cela.
...Votre époux vous rappelait, chaque fois que vous vous plaignez de l’attitude du voisin, qu’il fallait être patient, qu’il finirait bien par s’en faire construire une lui aussi, qu’après tout il avait les moyens puisque c’était son patron, mais que justement, parce que c’était son patron, il était impossible de lui refuser quoi que ce soit, même si cela faisait huit longues années que ce petit jeu durait.
La première fois, vous n’y aviez pas cru. Comment un homme si élégant dans son bureau pouvait-il avoir l’air d’un pot de mayonnaise une fois en vacances ?

Comme chaque année, vous alliez répondre un brin hypocrite « Mais avec plaisir, entrez donc, vous connaissez le chemin ? »
Ayant déjà ôté ses tongs et prenant son élan, il crierait « En route pour le premier plongeon de l’été ! »
Vous sauriez qu’il agirait de la sorte, il était si prévisible (quoique ce nouveau string en simili cuir vous avez un peu surprise, il était plutôt caleçon écossais les années précédentes)
Il se mettrait à courir de plus en plus vite afin de faire une « bombe phénoménale », comme il se plaisait à dire lorsqu’il sortait de l’eau.
Mais cette année, tout serait différent, car lorsque votre époux vous aurait demandé, courant juin s’il fallait remplir la piscine, vous lui aurez répondu : « Tu sais chéri, les enfants sont en Ecosse pour les deux mois avec tante Vic, tu rentres tard du travail et, pour ma part, je n’aime pas trop me mouiller. Laissons-la vide pour une fois, de plus ce sera l’occasion d’économiser l’eau qui se fait rare ces temps-ci.»
tTout serait différent, car au lieu de faire une « bombe phénoménale » qui éclabousserait jusqu’au fond du jardin, cette année, le patron de votre époux ferait « une bombe phénoménale » qui s’écraserait au fond du bassin.
« Vous venez de faire votre premier plongeon de l’été cher voisin, mais aussi le dernier. »

Blik

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Et si on remplissait la piscine !?
La piscine ; quelle piscine, la piscine rectangle, chlorée, aux eaux bleues sans reflets, sauf lorsque le ciel joue avec les nuages ? la piscine privée, bassin aux formes floues, arrondies, lave pieds ou d’ambition olympique, symbole d’une richesse qui ne se mêle pas aux simplicités de La Municipale ? piscine du crooner vieillissant, qui mate derrière ses lunettes obscures ce qui, dépassant des maillots, pourrait rappeler les bonheurs et les frustrations passés ? piscine de la marmaille surexcitée, éclats, ballons, plongeons, chahuts ?
La piscine,
des poissons,
qui est cristalline.
Ma piscine rêvée, on ne peut la remplir ; elle est espace et immensité ; elle est mer et océan ; elle est azur et encre ; elle est transparence et profondeurs, formes frôlées, gélatine des méduses, viscosité des algues, chevelures d’ondines en dérives ; angoisse de l’infini, de la perte, de l’horizon improbable, du nageur envoûté, du marin perdu, du radeau rongé par les sels, l’amertume des sanglots, l’alacrité des désespoirs. Certains jours elle est fonds blancs tropicaux, d’une eau presque moite et poisseuse, chargée de chaleur, d’étincelles de soleil qui jouent aussi à émerveiller l’œil en se posant sur les cheveux de la palme ou la coco dans son enveloppe verte ; elle est reflets et coulures sur des peaux données aux brises ; elle est symbole de langueur, de paysages d’autres milieux, de sables d’autres couleurs, d’une autre vie, d’un autre temps.
Ses flots débordent ; son eau avale et s’avance, elle reflue du jeu des marées, elle sort du bac, du cadre, fuit les azulejos et les frises du décors, vagabonde sous l’emprise des rêves.

Mélusine.


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Photo : Yobu

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Cette rage hier encore au réveil, qui me souffle dans les narines tout le jour.
Quinze jours que cela dure.
Mes gestes sont saccadés et rapides, trop de force et de vitesse pour saisir et reposer.
J'essaie de ne rien briser.
De faire une phrase complète quand je m'adresse à quelqu'un.
Je surveille mes regards.
Ma voix change.
Tout le jour ça me court dans les bras jusqu'au bout des doigts.

Et le soir me terrasse.
Je m'endors n'importe où, sur une chaise, dos au mur, affalé.

Chaque fois, je pense au son du vent dans les feuilles de bouleau, ça ressemble à un scintillement, c'est doux et lumineux.
Au début, sur un souffle, on entend que lui.
Puis la brise se lève et les châtaigniers commencent à émettre des battements.
Le vent forcit et le grand chêne couvre tout, là c'est mat et compact, plus fort et sans silence.

Un matin, vers neuf heures, le bruit me réveilla.
Des espèces de pics, des oiseaux dans mes arbres, un dans le vieux châtaignier mourant et un dans le grand chêne.
Ils tapaient en cadence, je cherchais longtemps à les apercevoir, j'aurais jeté des pierres pour que cela cesse.
La tête sous l'eau froide.
Les deux pieds dans la poussière, le vent, cette terre fine et légère qui s'élève en tourbillon et s'insinue partout.
La tête sous l'eau froide je rentre dans l'orifice de cette vieille pompe rouillée jusqu'à l'énorme nappe d'eau enclose qui bouge sous mes pieds poussiéreux, s'insinuant dans la terre et remplissant la plus infime faille, le plus ridicule vide, dans une obscurité totale.
Une eau sans soleil.

Yobu


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Illustration : Marc Guillerot


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Faut-il remplir la piscine ?
Merci, non. Pas pour moi.
La première fois que je suis entré dans une piscine, j’ai bu la tasse. La dernière fois, j’ai vomi.
Entretemps, j’ai appris à nager, vaguement. J’ai mis longtemps, presque deux ans. J’avais, comme on dit, peur de l’eau. Vers l’âge de neuf ans, vers La Rochelle, j’avais failli me noyer. Enfin, je n’ai jamais trop bien su, mais j’avais perdu pied, la marée descendait, je ne maîtrisais rien. C’est un baigneur du coin qui m’avait sorti de là, une sorte d’Apollon blond, qui m’avait rendu à ma mère en larmes et ridicule.
Mon père, lui, ne s’était rendu compte de rien… Bref, j’avais gardé comme une méfiance.
Puis on a construit une piscine dans la banlieue de Tours où je vivais alors, et il a bien fallu y passer, avec l’école.
Je suis allé pour la première fois à la piscine le jour même de la mort de ma grand-mère. J’aurais pu m’en servir pour y couper, mais c’est pas le genre de la famille, et, franchement, j’en avais pas grand-chose à foutre, de la mort de ma grand-mère (j’aimais pas trop ma grand-mère). Après tout, j’allais bien me noyer, moi !
Je ne me suis pas noyé, alors, il a fallu continuer. Comme j’étais le seul à ne pas savoir nager, je me suis assez vite retrouvé, à douze ans, à faire des rondes dans le petit bain avec les maternelles qui étaient là aussi… C’est humiliant.
Alors j’ai pris des cours. Pendant deux ans, je retrouvais chaque semaine ce parfum d’eau de javel, cette humidité de mycoses et de verrues plantaires, ces types qui pissaient sous la douche en vous montrant bien leur zguègue ou ceux qui, bien planqués dans une cabine de chiottes, vous appellaient pour vous montrer quelque chose… Et le bonnet de bain obligatoire, et les ados braillards, le bruit, la frime des « vrais » nageurs.
Et le sentiment de ne pas y arriver, d’être une sorte de handicapé, la monitrice qui se retient de me traiter de débile…
J’y suis arrivé, un jour, pourtant… Le jour est arrivé où l’on m’a dit que je savais nager.
Ah, très bien ! Alors, brassez, petits poissons ! Faites donc la planche et pincez-vous le nez ! Grenouillez, crawlez, papillonnez, plongez en sauts de l’ange, en double ou en quadruple vrille !
Sans moi.

Yann Fastier

02 août, 2005

 
Règles du jeu n°17 - Spécial juillet - août 2005


Texte et illustration (support libre): "Faut-il remplir la piscine ?"
(Ecrire entre 15 et 25 lignes)


Vous avez jusqu'au dernier jour d'août, 20h07...


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