Ecrire et illustrer: mai 2006

31 mai, 2006

 

Voici les résultats du jeu n° 26 - mai 2006


Le sujet était :

Ecrire un texte de 25 lignes maximum, dont la première phrase est :
"Ce n’est pas lui qui portait des chemises de toile"
Et la dernière : "Nous n’avons pas cessé d’y retourner"

Illustration : tissus, chemises et autres fibres...

.......


(Pour agrandir les illustrations, il suffit de cliquer dessus
Les créations sont publiées dans l'ordre de leur réception)



Ce n’est pas lui qui portait des chemises de toile, ce cintre coincé dans l’armoire de la grand-mère entre un caban canadien et les tricots de peau rouges depuis longtemps dans l’attente.
Il serrait de toutes ses forces ce pantalon repassé dans la douleur et qu’il ne fallait en aucun cas laisser tomber ;Il se savait détesté par sa maîtresse de maison , la grosse Lola et son mari , le gros Lolo ,un type d’ailleurs pas très sain :
.........Rudesse
.........Tendresse
.........Caresses
.........Les fesses
Etaient la terreur des habitants de l’étagère inférieure , deux slips et deux soutiens-gorge qui se relayaient une fois par mois sur les poils longs et gris . » Lolo est un loup pour Lola » avait inscrit rageusement le gant de gauche dans la porte de droite qui s’ouvrit un dimanche matin .
La main arracha le pantalon du cintre héroïque et une voix se fit entendre :
« Tu diras ce que tu voudras ,que les chemises en toile portent malheur , que les sous-vêtements coûtent trop cher , mais là , tu repasseras (tous frémirent d’horreur ,ne comprenant pas qu’il s’agissait d’une expression idiomatique ) : ce magasin propose les plus belles chemises en toile de Vayres. D’ailleurs le Limousin est un pays merveilleux. Nous n’avons pas cessé d’y retourner »

Phil Goodlove





Illustration : Zézette



Ce n’est pas lui qui portait des chemises de toile, c’était son frère ; Eliot.
En effet lui, Lotie, depuis l’achat d’un ordinateur dernière génération sur compressé et boosté à l’éthanol pur, passait son temps sur la toile et n’éprouvait même plus le besoin de se vêtir. Son obsession webistique, générée par une soif intarissable de consulter toutes les œuvres picturales d’Andy Warhol l’avait amené à se passionner pour les toiles inspirées de bandes dessinées au détriment de sa collection de chemises de toile.
Ce qui avait ravi son frère cadet, sautant sur l’occasion de s’approprier cinquante-sept chemises de toile aux motifs et couleurs différents.
Cependant, le frère en question, passionné de cinéma, allait régulièrement assouvir son artistique loisir au cinéma du quartier.
Dès lors les ennuis commencèrent, le vigile en faction devant le lieu de culte se mit à s’intéresser de plus en plus attentivement aux allées et venues, et surtout à la tenue vestimentaire de Lotie.
Il faut que vous sachiez que le vigile et Eliot sont des amis de longue date, ayant passé de nombreuses villégiatures en village de toile. Aussi quelle ne fut pas la surprise de Jean-Richard lorsqu’il vît les chemises de toile qu’il avait eu tant de mal à offrir à Eliot, portées par le jeune frère de ce dernier.
Un fulgurant brain storming entre deux dizaines de neurones plus tard l’amena à la conclusion suivante : il était arrivé quelque chose à Eliot.
Son sang ne fît qu’un tour(sinon le texte était pour le mois de juin), son système nerveux restât sympathique, son sourire figé mais son plan d’action était activé.
Pouls à 190 pulsations par minute, légère sudation dans le dos et sous l’arête nasale, les deltoides contractés au bord de l’explosion, il s’élançât vers Lotie et lui expectora un « Comment va ton frère ? »
Je les ai revus quelques années plus tard, et en réponse à ma question sur l’état du cinéma, ils m’ont répondu : "Nous n’avons pas cessé d’y retourner"

Christian Auffret




Illustration : Cracra



Ce n’est pas lui qui portait des chemises de toile.
Ni elle.
Elle, depuis la rue, on la voyait se promener nue chez elle.
Elle portait juste un slip, des chaussettes et parfois une paire de lunettes.
C’est comme ça qu’elle recevait ses patients.
Et comme elle était le seul médecin du coin, c’était vite vu.
Au début ça nous a surpris.
Toute la ville en a fait des gorges brûlantes.
Et puis le monde s’est habitué.
Sauf certains d’entre nous qui ont développé des zones d’irritation provoquée par diverses familles de masturbation compulsive.
Le jour où elle est tombée enceinte nous avons été outrés.
Nous n’avions jamais osé penser ça d’elle.
Les gens ont supposé que le responsable était son mari.
Nous étions si choqués qu’avant de ne plus y aller du tout nous n’avons pas cessé d’y retourner.

Bobi




Illustration : Bobi




Ce n’est pas lui qui portait des chemises de toile.
Tu mélanges toujours tout. Lui, des chemises de toile ? Tu veux rire ? Jamais de la vie ! Pourquoi pas des bermudas et des sandales en cuir tant que tu y es ! Je ne l’ai jamais vu autrement vêtu que de culottes et de bottes de moto, d’un blouson de cuir noir avec un aigle sur le dos. Souviens-toi, ta mère trouvait que ça lui donnait très mauvais genre. Elle s’était même mise en tête de lui faire prendre les patins lorsqu’il passait à la maison, sous prétexte que ses bottes de moto ruinaient son beau plancher ciré. Lui, des patins ! Le rebelle aux patins !
N’empêche qu’il avait fait tache d’huile, si j’ose dire. Toute la bande s’était mise à s’habiller voyou. Dieu sait comment nous serions attifés aujourd’hui, s’il ne s’était pas fait ratatiner par l’express du soir. Toutes les filles ont pleurés, rappelle toi. Marie-Lou, il a même fallu la nourrir par intraveineuse, elle refusait de s’alimenter. S’est même comme ça qu’elle a rencontrée son toubib de mari.
Ensuite, rien n’était plus pareil. Une fois le traumatisme un peu assoupi, on à tous remiser les santiags, les vestes à franges et les jeans pourris au placard. Fini la rébellion, vive Cimarron. Fini les surplus et les fripes, nous avons tous repris le chemin des petites boutiques du centre ville. Depuis, nous n’avons pas cessé d’y retourner.

Marc Guillerot



Illustration : Gradiva




Ce n’est pas lui qui portait des chemises de toile. Cela ne datait pas de la dernière pluie, mais de sa plus tendre enfance. Tous les dimanches, il fallait s’engoncer dans une chemise de toile pour aller dîner chez grand-mère, après un passage obligatoire à la messe de 11H00. Ne cherchez pas plus loin, il avait fini par bannir de son armoire toutes chemises de toile. Elles gardaient en elles, même neuves, une odeur d’encensoir et de lapin à la tomate.
Certains pensaient de lui qu’il était snob, car il portait uniquement des chemises de soie. Il les aimait légères avec une odeur de propre, le laissant libre de ses mouvements, un tissu fluide et doux en quelque sorte.
Nous nous sommes rencontrés en 1981, l’année même, il dégottait dans un quartier un peu en retrait du centre ville, une boutique fabuleuse. Elle était tenue par une femme sortie tout droit d’un conte de fée. Elle vendait, je vous le donne en mille, exclusivement des chemises de soie, toutes plus belles les unes que les autres. Elles me rappelaient les robes couleur de
temps de Peau d’Ane. La provenance des fils de soie nous était inconnue, mais dès que l’on revêtait une de ces chemises, une légèreté d’âme nous enveloppait. Nous étions devenus les plus fidèles clients de cette boutique. Nous n’avons pas cessé d’y retourner.

Nathalie Della Vedova




Illustration : Kiwivole




Ce n’est pas Lui qui portait des chemises de toile. Lui, c’est Dieu. Nous étions tombés dessus en cherchant un certain Lucien, un gars du pays qui, nous avait-on dit, saurait nous dépanner. Et la seule description qu’on en avait, c’est qu’il portait des chemises de toile.
Dieu, Lui, est plutôt pull, même s’Il tolère les chemises de laine, aux beaux jours. Après un solide petit déjeuner, Il se bourre une bonne pipe, la première du matin, et Il sort la fumer sur le pas de Sa porte, vêtu de Son bon vieux pull fatigué. Bien sûr, quand Il est en rendez-vous, c’est mohair, cachemire et cravates tricotées main, mais le dimanche, on a bien le droit de se détendre. Surtout Dieu.
En tous cas c’est comme ça qu’on L’a trouvé, ce dimanche matin, en cherchant Lucien, l’homme-aux-chemises-de-toile. On finissait de grimper une belle pente pyrénéenne pleine de pâquerettes et, paf, comme ça, on tombe sur ce petit chalet, avec Dieu qui fumait Sa première pipe sur le pas de Sa porte, vêtu de Son bon vieux pull fatigué. Ça fait un choc, même sans être mystique. On est tombés un peu à genoux, d’ailleurs. Il a bougonné pour la forme (Dieu est plutôt bougon, dans l’ensemble), mais on a bien vu que ça Lui faisait quand même un peu plaisir, des citadins qui daignaient se souvenir de Lui. Alors, Il nous a payé le café. D’autant qu’il était encore chaud du bon petit déjeuner bien solide qu’Il s’était octroyé comme tous les dimanches. Mais je crois que c’était surtout un bon prétexte pour sortir la goutte. Fameuse, la goutte. Surtout que pour se caler l’estomac, on n’avait qu’une barre d’Ovomaltine avalée trois heures plus tôt. Alors du coup, on a entonné des cantiques. Puis on s’est mis à prophétiser. La repentance, la fin du monde, des trucs comme ça. Lui, ça Le faisait marrer, le vieux. C’est pas qu’Il est contre, mais je crois qu’Il en est un peu revenu, de tout ça…
Il nous a expliqué que c’était fini, tout ce tralala. Maintenant, Il est consultant en coaching. Ça paye mieux. Evidemment, c’est du boulot, du stress au quotidien, mais bon… C’est quand même plus distrayant que de faire pleuvoir.
Dans la vallée, une cloche s’est mise à sonner.
Avec tout ça, midi était là et on avait raté la messe. « Merde ! La messe ! », Il a dit. Il s’est jeté sur une espèce d’appareil, là, dont Il a tourné furieusement la manivelle.
« C’est le moulin à esprit saint », qu’Il nous a expliqué. « Faut que ce soit moulu fin, pour bien pénétrer dans les hosties ». Là, Il avait rattrapé le coup de justesse. Les rombières et les punaises de bénitier en seraient quittes pour un petit transport à retardement, entre la poire et le fromage. Rien de cassé.
Enfin, c’est pas tout, mais l’apéro nous avait creusé l’appétit, et Dieu nous a préparé un bon petit frichti. Pendant que ça mijotait on a regoûté la goutte, histoire de voir si elle persistait dans des sentiments chrétiens. Nous on a quitté nos randos, bien à l’aise, et on s’est assis sur le seuil, pendant qu’Il se bourrait une bonne petite pipe, la sixième du matin (c’est la meilleure), en se racacougnant dans Son bon vieux pull fatigué. On a dressé la table dehors. Lui, Il a Son verre, qu’Il ne lave jamais, parce que ça Lui rappelle Son fils. Une bien triste histoire, ça…
Mais on n’allait pas se laisser abattre, hein ! Un petit coup sur le civet, c’est ce qu’y a de mieux pour oublier ! Après, Il nous a sorti une tomme, un nectar du feu de Lui. Et le pain, j’aime mieux vous dire qu’il en avait, du corps. Après le dessert (un clafoutis), il s’est rallumé une bonne pipe. Il restait de la goutte… On n’allait pas la laisser perdre. On est restés à siroter comme des bienheureux, pendant qu’Il nous racontait ses anecdotes : la Création, Le Déluge, le petit Moïse qu’Il avait repêché juste à temps (mais pour la médaille, là, macache !) Quel fin causeur, quand même, ce bon vieux d’Bon Dieu. On L’aurait écouté pendant des heures. Mais le soir allait pas tarder, et fallait songer à redescendre ! La goutte et Dieu, ils avaient pas l’air de vouloir. Dieu, Il avait encore des histoires (Sodome et Gomorrhe, les filles de Loth…), et la goutte, elle avait refait le plein.
Mais bon, on a insisté et Il a fini par céder et Il nous a prêté sa luge. On a grimpé dessus à deux comme on pouvait et comme par miracle, on s’est mis à glisser doucement sur l’herbe tendre, pendant que Lui, sur le pas de Sa porte, Il nous regardait partir avec un bon sourire, engoncé dans son bon vieux pull fatigué, une bonne pipe au bec (la vingt-septième, allez, encore une petite !). Il nous a fait un petit signe de la main.
Nous n’avions pas trouvé Lucien, mais nous avions trouvé Dieu. On était potes. Nous lui avons dit qu’on reviendrait.
Nous n’avons pas cessé d’y retourner.

Yann Fastier



« - Ce n’est pas lui qui portait des chemises de toile. C’était peut-être Kant ou Hegel ou Schopenhauer, je ne me rappelle plus, mais Nietzsche, en tout cas, c’est sûr, il ne portait pas de chemise de toile (je crois même qu’il était allergique, alors t’as qu’à voir !). Une moustache en poils, oui, mais une chemise en toile, certainement pas. Ceci dit, ça n’a pas tellement d’importance pour l’histoire de la philosophie, si ? »
C’est en substance, la conversation que nous avons entendu avec Gilles, la première fois que nous sommes entrés dans ce bar (« L’éternel retour ») dégotté au hasard d’une balade ou d’une consultation frénétique de la rubrique « Où boire un verre ? » du Guide du routard (je ne sais plus). Nous, ça nous a plu, l’ambiance était sympa, alors du coup, on y est revenus le lendemain. Et ce coup-ci la conversation de la table d’à côté portait sur le problème de savoir si les moustaches de Nietzsche étaient un modèle déposé ou pas. Le surlendemain (on avait pris un abonnement !), il s’agissait du rapport entre la pensée de Nietsche et celle de Max Meynier. Un autre jour, la question était de savoir si Nietzsche avait le permis poids lourd ou pas (et si oui, s’il avait des points en moins à la fin de sa vie). Bref, on ne s’ennuie jamais dans ce troquet, et en plus on y apprend souvent plein de trucs vachement utiles intellectuellement parlant. C’est pour ça qu’avec Gilles, depuis ce premier jour (celui des chemises de toile), nous n’avons pas cessé d’y retourner.

Fabienne Séguy


segu


Illustration : Fabienne Séguy





1ère voix.

« Ce n'est pas lui qui portait

Des chemises de toiles

Ce n'est pas lui qui portait

Des chemises de toiles

La la la la lalala...

J'adore brailler cette chanson! et puis on va au lac!!! on va s'éclater avec les potes! En plus Dany et sa mono devaient arriver d'ici l'heure du goûter! "c'est l'heure du goûter!" qu'est-ce qu'ils sont cloches quand même, ils nous prennent pour des morveux, des mômes à rassurer, à caliner, à protéger, surveiller! pire que des parents! D'ailleurs ça m'étonnerait pas que le petiot derrière y soit comme ça, un p'tiot à calins! il est tout maigre; je crois bien que je lui fous la frousse: y'a qu'à voir comment il réagit quand je traîne les pieds! on va se marrer!!

2ème voix.

" Ce n'est pas lui qui portait

Des chemises de toiles

Ce n'est pas lui qui portait

Des chemises de toiles

La la la la lalala.....

Enfin, il y a du soleil ; mais ce chemin n'en finit pas ; et j'ai des ampoules aux pieds ; et le grand tondu devant moi qui fait exprès de traîner ; je lui marche sur les talons, et il me lance des regards inquiétants ; et pourquoi est ce qu'il faut chanter cette chanson idiote ; on n'est pas à la légion là ! Frédéric me disait « tu verras, la colo, c'est génial ! t'as plus les parents sur le dos, y'a des fois de la bagarre mais c'est génial ! » ouais ouais ; tromperie ! ; évidemment Frédéric la Baraque lui il se fait toujours respecter ; c'est le chef ; toujours un nuage de petits autour de lui qui veulent lui plaire et jouer, lui obéir.
Pfffff ! Et arrivés au lac il va falloir se déshabiller et entrer dans cette eau gelée ; avec les têtards et les poissons visqueux ; avec les autres qui vont ricaner de ma peau blanche et de mes petits mollets. La poisse !. »

3ème voix.

« Ce n'est pas lui qui portait

Des chemises de toile

Ce n'est pas lui qui portait des chemises de toile

La la la la lalala...

Je les adore ces gamins !; il me font penser à mon enfance, mes vacances ; coincé entre mes parents et ma sour Victoire qui ne quittait ni ses boutons d'acné ni ses bouquins ; morale, sentence , raison et ennui. J'aurais aimé partir en colo ! mais pas question ! famille famille !
Ils ont été ravi quand j'ai préparé le BAFA : « bien, tu gagnera ainsi un peu d'argent pour cette année ; tu deviens responsable ; ça te fera du bien de quitter la maison » !!!!! Rien à faire, les parents c'est obtus à oeillère et idée fixe !
Il est plutôt marrant ce petit gars qui grommelle au lieu de chanter ! il a l'air de s'amuser avec le grand tondu devant lui : ils marchent de façon décalée par rapport au groupe. C'est ça les colo : l'amitié, le jeu, l'insouciance !
Ah, nous arrivons bientôt au lac ; ça y est c'est la course ; faut que je pique un sprint, pas question de les laisser sauter à l'eau sans surveillance.
Et voilà ! le lac est superbe ; l'eau est vraiment bleue aujourd'hui ; j'espère que Camille et son groupe vont arriver rapidement. Tiens, le petit gars de tout à l'heure ! il hésite à plonger ! heureusement les autres sont là, qui l'aspergent et l'interpellent en riant. Ils sont vraiment gentils ces mômes !
Le lac, c'est sur, c'est le must de cette colo ; et puis l'activité sans peine ; et les petits sont demandeurs ; déjà, l'année dernière, nous n'avons pas cessé d'y retourner. »

Mélusine




Ce n'est pas lui qui portait des chemises de toile.
Elle avait depuis toujours cette propension au flou, au débraillé, à l'aérien.

De tout temps, c'est à dire depuis leur rencontre, elle expliquait cela par une réaction de rejet obsessionnelle et résolue de la civilisation japonaise.
Et tout particulièrement de la cérémonie du thé, qu'elle buvait d'ailleurs avec une désinvolture rare.
Leur vie était une suite ininterrompue de pèlerinages étranges et commémorations particulières dont l'objet m'échappait toujours, entrecoupés de passages plus ou moins denses où ils payaient tous deux leur tribut à l'indéterminé : les exotismes.
Tout pouvait arriver lors d'un exotisme, et tout était significatif.
Je les accompagnais parfois durant ces jours où un bout de lande pelée, lieu d'un ancien pique-nique ou d'une promenade passée, devenait le prétexte d'une commémoration grave et compassée.
Les journées d'exotismes fournissaient la matière à de nouveaux pèlerinages.
Et ceux-ci se succédaient.
Un exotisme un peu plus intense que les autres provoqua un jour une rupture.
Quelques semaines plus tard elle me demandait d'y aller en pèlerinage.

Nous n’avons pas cessé d’y retourner

Msieur Yob




Illustration : Yob




Polo.

Ce n’est pas lui qui portait des chemises de toile aussi délavées que celle du joueur qui venait d'entrer sur le terrain, mais Rebecca me fit tout de même la réflexion.
– Au fait, pour ton mari… Tu utilises quoi comme lessive, toi ?
– Moi ? répondis-je, tout en regardant le match. Eh bien, pour ses chemises de couleur, je crois que Conception utilise Ariel…
Rebbie attendit que les chevaux soient passés devant nous.
– Quoi ? fit-elle. Tu laisses ta femme de chambre choisir la marque de ta lessive ? Mais c'est le monde à l'envers, chez vous !
– Mais non, voyons ! rétorquai-je en riant. A la maison, c'est John qui fait les courses ! A quoi sert d'avoir un majordome, sinon ?
– Mais qu'est-ce qu'ils font, là-bas ? s'enquit soudain mon amie. Il y a une bagarre qui vient d'éclater, ou je vois mal ?
– Non, on dirait plutôt que les Blancs viennent de marquer un but !
– Oui, tu as raison, dit-elle. Oh, je… Jean-Eric doit être heureux !
– Et toi alors, tu utilises quelle lessive ? l'interrompis-je.
– Aucune, me lança-t-elle d'un air mystérieux.
Sur le stade, malgré les protestations de l'équipe Orange, l'arbitre valida le point marqué par les Blancs. La partie reprit.
– Explique-moi ! demandai-je. Ce n'est quand même pas un secret !
– Nous allons chez Marie-Joséphine, la lavandière. Elle utilise un onguent spécial, porte-bonheur, comme elle dit. Moralité, depuis deux ans que Jean-Eric est devenu joueur de polo professionnel, comme ton mari, il n'a perdu aucun match !
A mon tour, je laissai passer les chevaux avant de continuer.
– Dépêche-toi vite de me donner son adresse, la suppliai-je. Que je lui envoie mon champion. Le pauvre, il n'arrête pas de perdre !
– Non, son onguent ne marche que pour le blanc, et pas pour des couleurs comme l'orange. Je t'y aurais emmenée volontiers, sinon. Parce que crois-moi que chez Marie-Joséphine, depuis deux ans, nous n’avons pas cessé d’y retourner !

Anitta

02 mai, 2006

 
Il était une fois un chasseur qui savait chasser sans son chien. Pour être exact, il ne savait pas mais l’exactitude n’est pas la principale caractéristique des contes. C’était un brave type qui aurait donné sa chemise si celle-ci s’était avérée trop petite. S’il était de caractère heureux notre homme ne brillait ni par l’habileté ni par la finesse de sa vue, tant et si bien qu’il réussi à se tirer dans le pied. Tout occupé à chanter de manière fort expérimentale la variété des surprenantes sensations qui l’envahissaient, le chasseur ne vit pas approcher l’archiduchesse. Très peuple, elle s’en revenait de chercher son linge qu’un léger zéphyr avait séché. Charmée par les vocalises virtuoses du blessé, elle fut immédiatement tentée par le marteau sans maître. N’ayant que son linge sous la main elle se contenta de l’étouffer avec une de ses chaussettes. Ainsi fini cette histoire, qu’elle vous serve de leçon. Si vous voulez pas mourir étouffé par une chaussette d’archiduchesse, après vous être tiré dans le pied alors que vous seriez parti à la chasse sans clébard, et ben, vous avez intérêt a faire un texte, et une illustration aussi !

Marc Guillerot



Règle du jeu numéro 26 - mai 2006

Texte :
Ecrire un texte de 25 lignes maximum, dont la première phrase est :
"Ce n’est pas lui qui portait des chemises de toile"
Et la dernière :
"Nous n’avons pas cessé d’y retourner"

Illustration :

Tissus, chemises et autres fibres...

Vous avez jusqu'au 31 mai 19h00.



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Du nouveau sur le blog : projet Frédéric

L’ami Fred nous propose de devenir les scénaristes de ses planches, voir ci-dessous ses 6 premières planches, mises en textes par Laurence, Constantin (librement adapté de Maurice Blanchot « Le dernier homme ») et Aurélie et Odré.

Les huit planches suivantes, c’est vous qui en écrirez les textes.
Comment faire ?
C’est simple, vous téléchargez les planches à la taille réelle et vous ajoutez vos textes directement dans les images à l'aide de Photoshop ou autres logiciels (ne pas modifier la taille des fichiers).

et renvoyez le tout à mabobinette[at]free.fr
(En cas de problème de montage, contacter également Bobi)

Délai : vous avez jusqu’au 30 septembre 2006


Les montages seront mis en ligne dès leur réception.











 
Version texte d'Odré










 
Version texte d'Aurélie










 
Version texte de Constantin
d'après une libre adaptation de Maurice Blanchot "Le dernier homme"









 
Version texte de Laurence









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