Ecrire et illustrer: mai 2005

30 mai, 2005

 
Voici les résultats du jeu n° 15 - mai 2005

Le sujet était :

Pour les textes : écrire un texte de 15 lignes, dont la première phrase est : "Il était à peine une heure lorsqu'il a poussé la porte du bar".
Et la dernière : "La musique n'arrange pas toujours tout, même si c'est un requiem".

Pour les illustrations
: "Il poussa la porte d'un bar où tout le monde ne dansait pas".

(Les textes et illustrations sont publiés dans l'ordre de leur réception !)




Il était à peine une heure lorsqu’il a poussé la porte du bar. Lucky Luke de fortune, il bougeait nonchalant et mécanique au rythme de la musique country emplissant le saloon. Comme par magie les buveurs de retournaient lorsqu’il passait à leur hauteur. Il était au centre de toutes les attentions, c’était lui la vedette.
Mais le petit garçon entendit les bruits de pas de sa mère montant l’escalier. Il n’était soudain plus question de saloon, ni de compétition pour savoir qui dégainerait le plus vite. À une heure, un gamin ne joue pas au far west, il le savait. Dans son pyjama à carreaux et au col amidonné par la bonne, je sautais dans mon lit, les yeux grands ouverts d’excitation. Elle entra, s’approcha du lit, et mis en marche la boîte à musique pour endormir l’enfant agité : un doux requiem pour l’emmener au pays des rêves. Et sortie, satisfaite d’avoir bien joué la mère.
Alors, dans l’obscurité, et malgré la musique doucereuse, le petit garçon, assurément le seul de la maison, entendit un coup de feu. Luky Luke avait finalement tiré. Il savait bien que le lendemain matin, dans sa boîte à jouets, un des buveurs accoudé au bar serait mort, étalé sur le plancher. Et jusqu’au matin il garda les yeux ouverts, malgré la boîte à musique ; la musique n’arrange pas toujours tout, même si c’est un requiem.

Héléna Bonnet




Il était à peine une heure lorsqu'il a poussé la porte du bar. Léa était assise dans la salle vide, tête baissée elle écoutait Mozart. Concentrée, un léger sourire sur les lèvres elle ne l'avait pas même vu entrer. Il s'approcha et se planta devant elle sans mot dire. Elle leva un regard surpris :

- "T'es pas au boulot ?".

- "Non je voulais te voir".

- "Ah bon ?"

- "Oui. Tiens voila ta clé, j'ai vidé mes affaires".

- "Hein ? quoi ? mais qu'est ce que j'ai fait ?"

- "Rien mais …je … bon j'ai décidé de partir, vaut mieux qu'on se voit plus".

- "Hein ? mais tu peux pas me laisser comme ça qu'est ce qui se passe ? tu m'aimes plus ?

Elle commença à pleurer.

- "Mais pourquoi ? expliques moi. Tu peux pas me planter comme ça".

Il se leva sans répondre et sortit en claquant la porte du bar.

Maintenant Léa pleurait et Mozart n'y pouvait rien. La musique n'arrange pas toujours tout, même si c'est un requiem.

Pascal




Il poussa la porte d'un bar, le quartier général pour ne pas le nommer et vit le barman au regard à la bowie servir d'étranges pintes couleurs grenadines.Il en commanda une pour imiter les autres.En fait vladimir le barman ancien vampire de son état servait le sang de ses anciennes victimes qau'il avait économisé; ainsi chacun pouvait découvrir plus intimement la vie d'autrui et surtout les phantasmes des femmes.Il rêva d'une violoniste du 18ème qui jouait un air funèbre: il se mit à pleurer comme à la mort d'un être cher, la musique n'arrange pas tout surtout s'il s'agit d'un requiem

hellblanco





Illustration : Bobi





Il était à peine une heure lorsqu’il poussa la porte du bar. Tout le monde n’y dansait pas, à vrai dire, personne n’y dansait ce qui peut paraître normal pour un bar tabac, c’est dans les thés dansant qu’on danse ; dans les bars tabacs on fume (à la limite on fait des petits tas bas de tabac mais rien de plus...) Oh, je vous vois venir, vous allez dire qu’on s’ennuie dans ce genre d’endroit et qu’à une heure du matin il est préférable d’aller dans un thé dansant plutôt que dans un bar tabac…je vous répondrai qu’on ne boit pas de thé à cette heure si tardive.

Il y a donc visiblement un problème, d’un côté, des thés dansant ont été créés et de l’autre des bar-tabac. Il vous semble qu’il aurait été bien plus logique de créer des bars dansant et des thés tabac ? C’est ce qui existait à l’origine, je vous assure ! Seulement un jour, une erreur s’est produite, le tabac et le thé ont été inversés et le résultat a été assez catastrophique pour la personne (feu Lord Chester) qui en a fait l’expérience (avez-vous déjà goûté une infusion de tabac ?)! C’est alors qu’on décida de séparer les lieux où l’on buvait du thé et ceux où l’on fumait du tabac. Mais si les deux pêchés mignons connaissaient un franc succès lorsqu’on les pratiquait simultanément, une fois séparés, la consommation diminua pour l’un comme pour l’autre. Dès lors, on décida d’attirer les clients en faisant danser les buveurs de thé qui s’ennuyaient profondément avec des Requiems en souvenir de Lord Chester et en faisant boire les fumeurs de tabac qui oubliaient ainsi que le tabac sans thé, c’était fort mauvais. Si les bars tabac connaissent depuis un franc succès, en revanche la fréquentation des thés dansant demeure médiocre. La musique n'arrange pas toujours tout, même si c'est un requiem


Epilogue : Quant à moi, je ne fume pas, mais apprécie la boisson et j’adore le thé mais déteste danser il me tarde vraiment que soient créés les bars à thé ! (J’ai bon espoir…les bars à thons ont récemment vu le jour !)

Blik





Illustration : Blik





Illustration : Zézette





Il était à peine une heure lorsqu'il a poussé la porte du bar
Lorsqu'il est entré, une rafale de ce vent haineux du nord s'est glissé à l'intérieur, pétrifiant les quelques soiffards accoudés au comptoir.
Ce vent, on tourne fou ici à l'ecouter siffler du matin au soir.
Il n'y a que les feuilles mortes pour oser encore danser dehors.

Lorsqu'il est entré, il n'a regardé personne.
Ses yeux passent à travers nous et nous dissipent comme des brumes.
Il est dur et froid, je connais ce genre de type, il est dur et froid, un souffle le renverse.
Une éclaboussure le noie, mais il sait traverser les tempêtes, il est de ceux qui cherchent dieu le long de leur peau.
Son pardessus miteux semble vide, c'est un abri qu'il est venu chercher, pas l'ivresse ou l'humanité.
C'est le vent qui l'a poussé ici, ce satané vent à dû l'engourdir, m'est avis qu'il déteste ça, il a besoin de sentir, pouvoir serrer à poings fermés.
Il est de ceux que l'on croise parfois, marchant les yeux baissés tout en émiettant une motte de terre entre leurs doigts mobiles, caressant un cactus d'une main tendre.
De ceux que la tétanie enivrent, c'est lorsque l'acide lactique s'insinue lentement entre leurs fibres musculaires, lorsque la douleur monte le long de leurs membres qu'ils se sentent vivants.
Pour lui le vent du nord à un nom, et son chant est une mélodie funèbre.
Je sais ce qu'il fuit, les regards, et un en particulier.

Debout, il est penché sur le zinc, les yeux rivés sur son verre, sa bouche esquisse une moue boudeuse.
A quoi pense t'il ? Ressasse t-il les minutes qu'il espère graver aux tréfonds de sa mémoire ?
Peut-être cette bretelle de soutien-gorge safran qui s'enroulait autour de son épaule, une odeur de foin, le vent chaud, son rire qui partait en éclaboussures le long de la place.
Ou alors il ne retrouve plus son visage, il l'a trop convoqué face à ses yeux ces derniers jours.
Ses traits s'estompent et c'est pire encore que la trahir.
Je vois sa bouche frémir, il lui écrit une lettre à voix vive ou il se fredonne le petit air entendu lorsque leurs yeux parlaient plus fort que leurs lèvres.
Probablement qu'il marchait, il était en marche, parti en cavalcade chercher la pensée sauvage, la compagnie de l'errance.
Le vent du nord lui aura gelé les idées.

Il y a un papillon tatoué dans le creux de sa paume gauche, un de ceux qu'on appelle les « Mars Changeants », il semble voler quand il tripote sa cigarette.
Un papillon dans son poing fermé.
Il y a beaucoup de bruit ici, nous sommes trop nombreux pour pouvoir briser sa solitude.
Dès que le vent flaiblira, il va sortir.
Il ne lui manque qu'un peu de répit.
Juste de quoi entendre un petit air.
Profiter de sa petite musique au goût de cendres et croire qu'il tient un monde entre ses doigts.
Et qu'il ne le laissera pas s'envoler, que de toute façon ça n'aurait pas pu être mieux, qu'il aurait été déçu.
La musique n'arrange pas toujours tout, même si c'est un requiem.

yobu





Illustration : Yobu



La reine des pommes

Il était à peine une heure lorsqu'il avait poussé la porte du bar. Imabelle était déjà arrivée. Imabelle, c'était la femme de Joe. A eux deux, ils formaient un couple mal assorti, toujours à se balancer tous les noms d'oiseaux de la création à la figure. Lui, petit, râblé, le cheveu rare et gras, faisait bien ses cinquante balais. Il avait l'air de ce qu'il était: un croquemort. Elle, c'était la classe, les seins arrogants, les hanches montées sur roulement à billes, elle s'affichait partout avec son Toutou, comme elle l'appelait. Elle l'aimait juste parce qu'il lui laissait faire tout ce qu'elle voulait. Pas plus compliqué que ça.
Joe posa ses fesses sur une banquette en moleskine. Il voulait d'abord la regarder.
Assise au bar, perdue dans ses pensées, elle était en pleine contemplation de son verre de gin. Ce jour-là, elle avait mis sa robe fourreau en satin vert celadon. Quelques mèches rousses, faussement négligées retombaient sur sa nuque.
Le juke box jouait "One O'clock jump" de Count Basie. Imabelle tortillait des fesses sur son tabouret. Joe sourit et savoura le goût de l'ironie du sort.
Puis, tranquillement il se leva, sortit un flingue de sa poche et tira deux coups: l'un dans le dos d'Imabelle. Cela fit un gros trou dans la robe. L'autre dans le juke box qui se mit à jouer du Mozart.
Joe haussa les épaules.
-Rien à faire, se dit-il, la musique n'arrange pas toujours tout, même si c'est un requiem.

Naya




Il était à peine une heure lorsqu’il poussa la porte du bar. Perdant l’équilibre, elle heurta le mur de la tête. Cela fit un bruit mat et de mauvais augure. Elle oscilla quelques instants et finit par s’écrouler à grand bruit. Des regards lourds de reproches se braquèrent sur Julius. La porte du bar était des leurs ; ils la connaissaient depuis des années et ils la respectaient profondément, malgré ses excentricités. Elle avait l’air d’être dans les pommes et pour de bon. Quelqu’un appela les pompiers. Julius était confus. Il aurait bien voulu se souvenir de ses cours de secourisme, être d’une aide quelconque, se démener pour échapper à sa gêne. Mais on ne le laissait pas s’approcher, comme si on le soupçonnait de vouloir l’achever à coups de pied. Une sirène. Les pompiers arrivaient. La porte du bar restait inerte. Trois hommes en uniforme, portant un brancard, descendirent de l’engin rutilant. Les badauds et les consommateurs s’écartèrent.
« Où est le blessé ? » demanda le beau capitaine. On lui désigna la porte du bar.
- Oui, mais c’est une porte, ça, c’est pas un blessé, ça…
- Ben, c’est la porte du bar, elle est tombée… C’est lui, là, qui l’a poussée !…
- Ah, c’est vous…
- Oui, mais je…
- Il l’a poussée, et puis elle est tombée !…
- Je…
- Vous l’avez poussée, oui ou non ? s’énerva le capitaine, qui n’était d’ailleurs que sergent.
- Oui, mais...
- Bon, de toutes façon c’est une porte, on n’a rien à faire ici… Allez, les gars, on y va !
- Mais attendez, vous voyez bien qu’elle est dans les vapes ! Elle respire à peine !…
- Ecoutez… c’est une porte. Je sais pas ce qu’elle a, mais ce qui est sûr, c’est qu’une porte n’a rien à voir à l’hosto, alors…
- Y’a pas de portes à l’hosto ?
- Si, mais…
- Alors, pourquoi vous voulez pas l’emmener ? On sent le gaz ?
- Mais ils vont y faire quoi, à l’hôpital, nom de dieu ! Que voulez-vous qu’il en fassent ?
- Elle est tombée. Il doit bien y avoir quelque chose à faire !
- C’est de ma faute, je…, voulut intervenir Julius.
- Ah vous, ça suffit, hein ! s’énerva le troupier. Vous en avez déjà assez fait comme ça !
- C’est vrai ça ! Pourquoi il la ramène encore çui-là ?
- Bon bon, je dis plus rien…
Et pour le prouver, Julius prit un air dégagé et extirpa sa vieille guimbarde de la poche de son blouson. Il commença à en jouer. Peu à peu, les conversations se turent. Il jouait super bien, façon symphonique roots. Tous étaient fascinés. Oubliée, la porte du bar. Andante, menuet, allegro, dolce, largo… Allegro finale. Un instant de flottement, le temps d’être bien sûr, et les applaudissements éclataient, à commencer par les pompiers de service. La porte du bar n’applaudit pas. N’applaudirait plus. Elle avait claqué. Aux alentours de la première moitié du troisième mouvement. La musique n’arrange pas toujours tout, même si c’est un requiem.

Yann Fastier




Il était à peine une heure lorsqu'il a poussé la porte du bar. Frileusement, il essaya de faufiler son gros corps à l'intérieur, mais ce fut peine perdue puisque son poids prenait les devants. Il avait du mal à se mouvoir mais voulait faire l'effort d'aller jusqu'au bout. Une fois la porte franchie, il sentit les regards qui pesaient encore plus lourds que ses 150 kg. C'est ainsi qu'il prit toute la dimension de ce qu'il était : un être humain hors normes dans un monde tel que le nôtre. Il ne fallait pas fuir sous l'étonnement des autres et essayer de bouger ses grosses jambes le plus naturellement possible, sans ciller. Il chercha une table libre, avec un banc susceptible d'accueillir ses formes et ses rondeurs, comme il disait. Le serveur lui en désigna une au fond du bar, loin des autres, isolée. C'est avec peine qu'il arriva jusqu'à elle et prit place. Le serveur, amusé par le dandinement de ce « gros plein d'soupe » vint prendre sa commande et lui proposa un potage. Il refusa poliment, préférant un bouillon. En fond sonore, la radio passait des vieux tubes des années 80. Il pensa que dans les films, la musique ponctuait avec virtuosité la vie des personnages. Mais dans le réel, la musique n'arrange pas toujours tout, même si c'est un requiem.

Sylll




Il était à peine une heure lorsqu’il a poussé la porte du bar. Et pourtant, rien qu’à voir l’état du comptoir, celui de l’arrière-salle sens dessus dessous, celui de la porte des toilettes, pleine de graffitis, la poignée arrachée, il a su immédiatement, cruelle confirmation de visu, que l’expérience avait en effet raté…
Johnny, qui après une carrière de vigile, avait fait de tardives, mais brillantes études de psychologie, était finalement devenu médiateur et accessoirement militant de tous les combats contre la violence (dans les banlieues, sur les canapés, partout). Or, depuis qu’enfant, pour l’endormir, sa maman lui chantait de douces berceuses, Johnny (qui en fait, soit dit en passant, avait toujours rêvé de s’appeler Raymond, mais bon…) avait une idée fixe, qu’il pensait nouvelle et originale (un moment il avait pensé la faire breveter pour ne pas qu’on la lui vole, on ne sait jamais) : la musique adoucit les mœurs. Idée que ses amitiés et conversations, lors de ses études de psychologie, lui avaient permis de préciser et d’approfondir : la musique adoucit les mœurs, surtout Mozart. Et c’était précisément ce que l’expérience d’aujourd’hui, dont le protocole avait été élaboré avec l’équipe du CNRS dont Johnny avait jadis gardé les locaux, devait prouver de manière flagrante et incontestable, révolutionnant et changeant par là-même le devenir de l’humanité souffrante (de fractures diverses) et combattante (à mains nues ou avec un poing américain).
Il s’agissait de placer dans un bar ouvert tard le soir, et où l’on pouvait boire, un échantillon d’individus pas gentils du tout et s’exécrant les uns les autres, de mettre sur la chaîne, avec le secours éventuel d’un DJ musclé, un morceau de Mozart (sur son disque des plus grands succès du classique c’était le Requiem qu’il y avait, donc va pour le Requiem), de fermer les portes et d’attendre que l’échantillon danse en cadence, s’embrasse et fraternise tant qu’il peut (espérait Johnny). Hélas, le tohu bohu qui s’était très vite élevé dans le bar, les vitres brisées et autres coups de feu, avaient obligé l’équipe à interrompre prématurément l’expérience (à une heure du matin, donc) et Johnny à tirer sur le champ une conclusion tout à l’opposé de ses prévisions, conclusion qu’il résuma d’une phrase lapidaire au bas de son compte-rendu dépité : La musique n’arrange pas tout, même si c’est un requiem.

Fabienne Séguy





Illustration : Marc Guillerot




Il était à peine une heure lorsqu’il a poussé la porte du bar, tôt pour Norbert qui ne se souvenait généralement pas au matin de ses dernier moments de la veille. Norbert était un picoleur sérieux et digne.. Au moment même ou la poussée hésitante de Norbert faisait pivoter la lourde porte du troquet, Patrick ouvrait la portière de sa nouvelle et sportive voiture. Norbert s’immobilisa sur le trottoir et se mis à inspecter sa narine gauche à l’aide de son index droit alors que Patrick introduisait la clef de contact et démarrait le bolide flambant neuf. Après s’être assuré d’un équilibre précaire, Norbert entama une difficile progression vers son domicile. Dans un rugissement de moteur, le véhicule véloce de Patrick attaqua la chaussée. Dans une impasse, derrière les poubelles, Norbert se soulagea de quelques décilitre d’urine : la bière, ça fait pisser. Les néons et les pompes accueillirent la belle coupée de Patrick : ça consomme un V8. Au milieu de la rue Malenpoint, la main de Norbert dérapa sur la carrosserie d’un voiture sur laquelle il voulait s’appuyer et notre homme bascula d’un bloc. Patrick vit passer une casquette dans la lueur des phares, il sentit la roue passer sur quelque chose. Le choc déclencha l’autoradio et les premières notes de Mozart se répandirent dans l’habitacle, alors que l’âme avinée de Norbert s’évanouissait dans la nue. La musique n’arrange pas tout, même si c’est un requiem.

Fabien Boudurier





Photo : Ascan




C'est rigolo, ça me rappelle les poupées avec lesquelles je jouais quand j'étais toute petite... Sur leurs robes c'étaient de vraies perles, récoltées au fond des mers par les pêcheurs du royaume de papa, et les couturières qui travaillaient pour maman les cousaient sur mes poupées avec du vrai fil d'argent... Seulement il y avait mes nourrices, qui ne voulaient pas que je joue trop longtemps avec... et qui me volaient mes paillettes ! Hélas, un jour où nous n'avions plus d'argent, un vilain garde-chasse m'a conduite dans une grande fôret, et m'a laissée toute seule au milieu ! Heureusement, huhu, j'avais ma poupée avec moi, et j'ai semé sur mon chemin toutes les perles si délicatement cousues sur le vrai fil d'argent... Et c'est comme ça que je suis revenue au château ! En me voyant, mon père a tellement sursauté qu'il bien failli faire tomber sa couronne ! Et ma maman qui pleurait a retrouvé le sourire... Alors, tranquillement, je me suis tournée vers le vilain garde-chasse, et juste avant qu'on lui coupe la tête, j'ai murmuré : "La musique n'arrange pas tout, même si c'est un requiem !"...

Anitta



02 mai, 2005

 
Règles du jeu n°15 - mai 2005

Texte :
écrire un texte de 15 lignes, dont la première phrase est : "Il était à peine une heure lorsqu'il a poussé la porte du bar".
Et la dernière : "La musique n'arrange pas toujours tout, même si c'est un requiem".

Illustration : "Il poussa la porte d'un bar où tout le monde ne dansait pas".

Vous avez jusqu'au 30 mai 2005, 17h23.



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