Ecrire et illustrer: février 2006

28 février, 2006

 

Voici les résultats du jeu n° 23 - février 2006


Le sujet était : "Qu’y a-t-il donc sous votre lit ?"


.......


(Pour agrandir les illustrations, il suffit de cliquer dessus)






Photos : Sophie




Je n'ai pas voulu tenter sans préparation.
C'est vrai, aucun repérage de fait, personne n'a pris la peine de sonder.
Je suis désolé c'est pas sérieux.
On sait pas ce qu'il y a la dessous.
Alors ça veut jouer les aventuriers, là, tout feu tout flamme, et on y va, et ça craint rien.
Et on va le faire en trek à l'arraché.
C'est l'affaire d'une semaine ils me disent, on prend juste de quoi monter un camp de base et c'est plié.
Et bien non moi je suis pas d'accord !
On n'a même pas pris la peine de sonder.
C'est pas sérieux je suis désolé.
On va le faire à trois ils me disent.
Pourquoi j'irais pas tout seul tant qu'on y est ?
Allez, le petit chapeau, la petite canne, le couteau à champignon et c'est parti mon kiki !
Enfin je suis quand même le chef de l'expédition et il est de mon devoir de tout mettre en oeuvre pour assurer la sécurité de mon équipe. C'est pas des choses qu'il faut prendre à la légère.
Moi, je leur ai dit, et je ne changerai pas de position, je ne pars pas sans une équipe médicale et je veux qu'une analyse spectrochimique soit effectuée avant le départ.
Alors voilà, vous savez comment ça se passe, on m'a dit que les investisseurs ne pourraient pas assumer le surcoût financier, que la société avait des comptes à rendre à ses actionnaires, etc...etc...
Bref, on est au point mort, je cherche des sponsors et l'exploration est repoussée à une date ultérieure.
Vous voyez, à l'heure actuelle, tout ce que je peux vous dire, c'est que nous ne possédons aucune information sur ce qu'il y a là-bas.
On a même pas pris la peine de sonder.
Je peux pas vous dire ce qu'il y a sous mon lit.
(Et d'ailleurs Bobi rajoute qu'il nous faut le temps de prendre les bonnes mesures et le temps de réfléchir et que c'est comme ça aussi, l'ultériorité)

Yob




Illustration : Bobi




J'ai jamais cru au Père Noël. J'ai jamais cru à la petite souris. Et je n'ai jamais cru aux monstres. Dans le placard, à la cave ou sous le lit, ce ne sont qu'inventions et mensonges. Les autres parents disent aux à leurs enfants : « Sois un grand garçon, les monstres, ça n'existe pas ». Les miens ne m'ont jamais rien dit de ce genre.
Quand il est l'heure d'aller se coucher, j'enjambe avec insouciance l'ombre de mon lit. J'aime me blottir dans les draps, convaincu de mon immunité. Et lorsqu'elle éteint la lumière, je n'ai pas besoin de veilleuse pour faire fuir ces pathétiques fantoches.
J'ai déjà regardé en dessous de mon lit, évidement. Juste pour être sûr.
Sous mes yeux indiscrets, pas d'ombres étranges, de mouvements furtifs ou de grondements inquiétants. Rien d'autre que la banale présence de ces légers amas de poussières qui bougent doucement au gré de ma respiration. J'ai ricané et je n'ai plus jamais douté de mon esprit logique. Du moins jusqu'à ce soir.
Elle vient juste de fermer la porte et je commence à peine à sommeiller lorsque j'entends soudain un léger crissement. Trois fois rien, juste un bruit au dehors. Enfin, je crois. Une fois, deux fois, trois fois, le bruit se répète. Ca s'accélère. Ca vient du lit. Je déglutis. Je l'ai dit, non ?
Je ne crois pas aux monstres sous le lit. Et s'il faut que je le vérifie une fois de plus, je le ferais. Je rejette les couvertures, et je m'avance prudemment jusqu'au rebord du lit. Je penche la tête, tout en étant presque certain de ne voir en dessous de moi que de simples lattes de bois.
Mais c'est un étrange spectacle qui se déroule sous le matelas : un nuage de poussière se condense peu à peu sous mes yeux ébahis. Cet étrange amas ne cesse de grandir, de s'étaler sous mon lit. jusqu'à ce qu'il me touche le bout du nez.
Quand mes parents sont venus me réveiller, ils n'ont rien trouvé. Pas de monstre sous le lit, ni dans le placard et encore moins à la cave. Pas de petit garçon non plus, d'ailleurs. Juste un lit vide, avec quelques traces de poussières.

Bulle grenadine




Illustration : Zézette




Sous mon lit il y a kiki , vous savez, « le kiki de tous les kikis », petit singe aux yeux écarquillés, confident de l’enfance que l’on serre contre soi très fort les soirs de terreur , que l’on cache ensuite très vite lorsqu’une moitié vient partager notre cœur, et que l’on cale à nouveau à côté de soi, tout près sur l’oreiller lorsque ladite moitié s’en va à tout jamais, laissant ledit cœur en morceaux.
Kiki, toujours là pour consoler l’âme en miettes, qui va de la couette au plancher sans broncher, qui ne fait aucun reproche, même les soirs de tempête lorsqu’il vole contre le mur de colère après la dispute préliminaire au départ de la moitié, qui elle m’a tout volé.
Kiki qui, lui, reste là, attendant la fin de l’orage sans se plaindre, trempé de mes larmes de rage, ce qui nuit pourtant au soyeux de son brun pelage.
Kiki, prêt à tout entendre de mes délires prétextuels qui sont, j’en suis sûre la cause de ses yeux tant écarquillés !
Kiki, mon ami, c’est promis, la prochaine fois que je déménage, dans ma tête ou dans ma vie, tu resteras SUR LE LIT !!!

Anicub




Illustration : Cracra





Mercredi 8 février

Sous mon lit, il y a plein de chinois. L’itinéraire est un peu compliqué pour y arriver. Un voyage à la Jules Verne.
Sous mon lit, il y a aussi plein de recettes de cuisine. Ce ne sont pas particulièrement des recettes exotiques. Ne me demandez pas ce que ces recettes font là, je n’ai pas envie de vous le raconter.
Sur mon lit, je suis le roi, et je ne fais que ce que je veux. La plupart du temps, j’y dors. J’aime aussi dormir dans d’autres lits que le mien. Dans ce cas là, je ne vais pas regarder ce qu’il y a sous le lit. Ce qu’il y a dessus est déjà suffisamment préoccupant.
Je n’ai jamais essayé de dormir sous mon lit, mais il m’est arrivé de dormir sous le lit de quelqu’un d’autre.
Un jour, je me suis couché sous mon lit, en pleine journée. Je me souviens d’avoir ressenti un sentiment étrange. Quelque chose de très exotique à vingt centimètres de quelque chose de très connu.
Exactement le même type de sentiments que doivent ressentir tous ces chinois qu’il y a sous mon lit. J’imagine.

Marc Guillerot



Illustration : Marc Guillerot




Un plancher
Un plafond
Un autre plancher
Une voûte cimentée
De la terre battue
Trois squelettes d’enfants en bas-âge
Une conduite d’égoût
Une cassette contenant 162 pièces d’or d’âge et de provenance divers
Les restes d’un fier guerrier gaulois décédé lors d’un furieux coït
Les restes de son épouse (morte de faim)
Le fémur fossilisés d’un rhinocéros haineux
Une rame de métro (la 32, dont on a un jour inexplicablement perdu la trace)
Un misanthrope
Le Tribunal des Grands Anciens (accès au 42 avenue de la Libération, par la petite porte au fond à droite du corridor principal)
La liste complète et tenue à jour de tous les Premiers Ministres de la République Française
Le monde perdu (ses dinosaures, son gigantesque lac souterrain, sa buvette au bord de l’eau)
Le Diable

Inutile de vous dire que je dors mal…

Yann Fastier





Illustration : Cracra




Il y a un crocodile sous mon lit. Gosse je ne l’oubliais pas ça. Je savais que c’était une fantaisie dans ma tête. N’empêche. Je sautais pour monter dans mon lit, et la nuit je me gardais bien de laisser pendre mon bras. Ce crocodile, mes peurs, mon compagnon de nuit, évanoui dans le calme paisible des nuits de l’enfance, où l’on dort la bouche ouverte sans peur encore que notre souffle de vie s’échappe par mégarde.
Aujourd’hui, le lit est double, sous mon lit, il y a peut-être des moutons. Mais je m’en fiche maintenant, ce qui importe, c’est ce qu’il y a dans mon lit. Et dans mon lit il y a mon chéri. Un autre calme paisible, loin de l’enfance cette fois, mais comme avant aussi, loin de la terre. Le retour des nuits où on n’a rien à chercher qui ne soit dans son lit.
C’est peut-être ça avancer dans la vie.

LNA

02 février, 2006

 
Ecrire, bon, ce n’est pas facile. Dessiner non plus.
Avoir peur, c’est à la portée de tout le monde, même des plus démunis. C’est toujours ça qu’on ne pourra pas vous enlever.
Moi qui suis un grand froussard devant l’éternel (et même derrière son dos), j’ai beaucoup plus de facilité à avoir les chocottes qu’à pondre un texte. Ecrire où dessiner, ça reste des activités assez peu naturelles. Il y a toujours des moments où on a autre chose à faire, des choses naturelles par exemple.
Un stylo, des crayons, une gomme, un ordinateur, du papier… sont autant d’objets qui nous sont nécessaires pour dessiner où pour écrire. Pour avoir peur, vous n’avez besoin de rien. Tout seul au milieu de nulle part, vous pouvez être mort de trouille, je dirais même que ce serait une excellente occasion. La peur est un enfant de bohème qui n’a jamais, jamais connu de loi ! Même pas besoin de raisons objectives ! Que celui qui n’a jamais regardé sous son lit me jette la première pierre (je préfèrerais un petit caillou rond projeté sans trop d’énergie).
Bref, vous voilà tremblant, demi nu, le cœur serré, à vous pencher sous votre couche dans la crainte imbécile d’y découvrir quelques monstres sordides à l’appétit insatiable et à la férocité légendaire.
Que découvre t-on généralement lorsqu’on se laisse aller à ce type d’expérience ?
D’inoffensifs moutons, ou des objets que l’on a cherchés désespérément dans tous les coins de la maison : une clé à mollette, une cafetière électrique, une bicyclette, un crick, une tourniquette (pour faire la vinaigrette), un portail électrique, un débouche canette, la mer et ses criques, une mouette…

Marc Guillerot


Règle du jeu numéro 23 - février 2006 :

Qu’y a-t-il donc sous votre lit ?

Vous y répondrez par une illustration et/où un texte de 15 à 25 lignes
Attention ! Le mois de février est court, ne vous laissez pas surprendre !
Vous avez jusqu’au 28 février 20h15.

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