Ecrire et illustrer: janvier 2005

29 janvier, 2005

 
Voici les résultats du jeu 12 - janvier 2005

Le sujet était : "le début et la fin"



Il y a les débuts qui bégayent et veulent raconter.Des répétitions sans fin, des samples en boucles dorées.Il y a des débuts en pacotille qui font sourire,D'autre immense sont sur le socle de la mémoire.Il y a des fins similaires à des débuts. Il y a le sommeil en désordre, l'intérieur et l'extérieur ronflant.

Kiwivole



Pourquoi n’es-tu pas parti au bout du monde ? Tu avais pourtant l’envergure des découvreurs, le type même de l’explorateur inlassable. Tu savais toujours quoi faire dans n’importe quelle situation, même la plus tordue. Tu n’étais jamais à cour d’idée pour déclancher de nouvelles aventures et jamais pris au dépourvu lorsqu’il fallait sortir tout le monde du pétrin. Dans les moments de crises, nos yeux se tournaient toujours vers toi et nous n’étions jamais déçu. Tu nous à tous fais cavaler, et seuls jamais nous n’aurions fait le quart de la moitié des trucs insensés que nous avons tentés ensemble. On s’attendait tous à te voir disparaître un jour, plus de Loïc, envolé l’oiseau. On aurait alors tous attendu de recevoir une carte postale un peu froissée, aux tampons exotiques. Nous aurions fêté la nouvelle et trinqué à la santé de celui qui était devenu quelqu’un d’autre, ailleurs, certainement quelque chose de fantastique. Plusieurs fois nous avons cru que le moment était arrivé. Tu disparaissais quelques jours, le quartier retrouvait son calme et nous commencions déjà à parler de toi au passé. Tu revenais sans rien raconter, le visage fermé. Aucun de nous ne te posait de questions, et quelques heures après, c’était reparti pour les conneries. T’aurais du partir, on comptait tous sur toi, tu aurais été notre ambassadeur à tous, au lieu de quoi… Je me souviens de ce soir de septembre ou tu nous as dis que tu reprenais le garage de ton père. Ce soir là, je suis rentré chez moi à pieds, et tout au long du chemin, je ne pouvais pas m’empêcher de penser que c’était le début de la fin.


Marc Guillerot




Des buts jusqu’à la faim.DES BUTS, des buts, des buts…….Ah ! putain j’en ai rêvé d’en marquer des buts.Footballeur (prononcer foutebauleur) c’est mon métier dans la catégorie pro (ça veut dire professionnel). Ouais j’explique parce que les littéraires, ils ne comprennent rien au foot (comme moi j’entrave que dalle à la littérature).Au début, des buts j’en ai marqué, tout le monde me remarquait, tous les agents me voulaient. C’était l’époque du fric plein les fouilles, de la vie facile et des amis partout.Après, y’a eu la rotule, elle a dégagé, brisée, cassée.Après, y’a eu la rééduc…... dur, dur même avec les gentilles infirmières.Après, y’a eu le retour…….dur, dur, le ballon allait plus vite que moi.Après, y’a eu la descente aux enfers. Au début tu prends des produits qui te tirent, qui t’aident à avancer et après les mêmes produits te poussent vers un trou sans fond.Enfin si, j’ai touché le fond. Les banquiers, les huissiers, la vente des biens et aujourd’hui la rue.Et c’est dans la rue que j’ai connu LA FAIM Diego Cantonna 06.75.50.20.50

Michel Boucher




Pourvu qu’on ait assez d’essence pour faire la route dans l’autre sens.
Tout a commencé, il y a quelques millions d’années en Afrique, peut être dans la vallée du RIFT, peut être près du lac Tchad. Ils n’étaient pas très grands, pas si poilus que l’on a dit, un petit crâne, animaux parmi les animaux. Ils n’étaient pas très nombreux et vivaient en clan. Ils aimaient la savane, se nourrissaient de tout mais surtout de charognes. Ils étaient endurants et pouvaient courir longtemps. Ils arrivaient les premiers pour avoir leur part avant l’arrivée des fauves. Les vautours leur indiquaient l’endroit. Ils adoraient le miel si doux qui les rendaient si forts et si heureux. Chacun n’était rien sans l’autre.
Ils sont maintenant très nombreux. Ils ont presque tous quitté l’Afrique. Ils sont un peu plus grands et leurs cerveaux plus gros. Ils sont un peu moins poilus, ne rêvent que d’exotisme mais ils ont peur des bêtes sauvages et des autres tribus. Ils n’ont plus besoin des autres mais ne se déplacent qu’en bandes. Leur endurance à rechercher le moindre festin est incroyable. Ils pensent qu’ils ne sont pas des animaux. C’est pour cela qu’ils ont tué tous les fauves. Ils sont toujours plus nombreux mais ne veulent plus mourir. Ils voudraient retrouver le goût du miel….mais il y a toujours plus de monde autour des charognes. Homo sapiens, ça sent la fin.

Daniel Clérembaux




Les premiers temps étaient assez incertains, mais on faisait avec parce que de toutes façons on ne connaissait pas autre chose. C’est à cette époque là que j’ai appris à nager, flotter serait un terme plus approprié. On se déplaçait quand même un peu, au gré des courants plus ou moins tièdes. Des fois, on restait immobile pendant quelques temps, et on adaptait alors nos formes à celles des autres, plus ou moins douces. On s’habituait à une vibration. Un minuscule mouvement du fluide suffisait à nous éloigner les uns des autres et on allait faire la même chose un peu plus loin. Petit à petit, on a commencé à réussir à se mouvoir. Agir un peu sur notre trajectoire et notre profondeur. Qui a commencé ? Je n’en sais rien, je crois que ça s’est fait tout seul, simplement parce que nous étions prêts. Il était bien agréable de pouvoir choisir la température du courant et les formes que nous côtoyons. C’est vers cette époque que nous sommes devenu si nombreux, et c’est aussi l’époque qui a précédé le grand tourbillon. Au début, le mouvement était imperceptible, et puis l’accélération s’est amplifiée, nous tournions en rond de plus en plus vite, en cercles de plus en plus concentriques. La dernière chose dont je me souvienne, c’est le trou noir vers lequel nous allions sans pouvoir résister, et le plongeon dans la gueule vertigineuse au son de cet incroyable grognement.

Magu




Combien avons nous de vies ?
Dans sa piscine chauffée avec boisson à la paille gratuite (à volonté), l'embryon, selon une théorie vague dont je n'ai jamais lu confirmation, passe par toutes les phases de la phylogenèse.
Avant d'être homme, je fus donc plante (en pot ?), puis sardine, puis têtard, lézard, pigeon, panda, rat, jusqu'à l'hominidé.
Parfois, je regrette de ne pas m'être arrêté au géranium.
Ah, prendre le soleil à longueur de journée et rien comprendre à rien, se contenter d'un système nerveux rudimentaire, faire de l'ombre au chat....

Mon corps serait donc le fruit d'un énorme mélange de plein d'animaux dégoûtants.
80 % d'eau.
Et les 20% qui restent, qu'ont-il gardé de leurs parrains à écailles, à poils, à plumes.
Quelle somme suis-je ?
Je ne sais pas si vous avez déjà vu une photo de ce que devait être Lucy, notre grand-mère à tous, mais on devine bien les différents intervenants.
Selon la théorie de l'évolution, seul les mieux adaptés à leur environnement survivent.
Nous, finalement, au début, on étaient moyens partout mais capables de survivre dans de nombreux biotopes.
Puis, il y a 200 ans environ, quelque chose a changé, nous avons commencé à conformer le milieu à nos exigences.
Et là, c'est une sorte d'entité virtuelle qui fait la différence, notre Conscience ou Dieu ou Le Grand Tout ou Zeus, etc. (rayer la mention inutile).
Une non matière se niche aux creux de nos synapses.
Ce n'est pas une histoire de taille du cerveau sinon nous serions gouverné par des baleines (quoique).
C'est 21 grammes qui font la différence, 21 gr pour pouvoir enculer les pandas à coup de bambous.
21 gr qui migrent lorsque nos corps se liquéfient.
21 gr qui transmettent la mémoire de ceux qui nous ont précédés, 21 gr de continuité.
Peut être 22 pour les meilleurs.
Toute cette somme de savoirs accumulée depuis trois millions d'années avant Gutenberg, nous n'en sommes dépositaires que pour quelques dizaines d'années, mais il semble que, malgré cela, rien ne se perde.
Il y aurait une mémoire de l'humanité et du coelacanthe, du colza et du cocker.
Certains sont capables de fabriquer des pizzas de plusieurs tonnes, mais toujours rien sur ces 21 gr.

Combien avons nous de vies ?
Le temps n'est rien qu'un des nombreux systèmes de mesure crées pour faciliter la mise en équation du monde.
En physique quantique, ce système ne fonctionne pas, la particule se moque du temps.
Le quark, particule indivisible, peut se trouver à deux endroits différents au même instant.
Le temps n'existe pas.
Nous ne nous déplaçons pas sur une ligne du passé vers notre futur.
Nous sommes dans un cercle, toutes les portes sont ouvertes.
C'est notre faculté de mémoire qui crée l'illusion d'un avant.
L'esprit fabrique l'histoire.
Aujourd'hui, de nombreux médecins clament que le vieillissement est une maladie.
21 grammes. Et si c'était vrai.
Notre histoire se promène peut-être le long de kilomètres de fibres synaptiques, apparaissant et disparaissant au gré de connexions aléatoires.
Peut-être en moi subsiste la vie de Joey le têtard, comment a t'il vécu, comment est-il mort.
Bien fatigué, je saurais sûrement encore synthétiser l'oxygène.
Une petite pluie et je ferais une petite pousse, un petit bourgeon avant de fleurir un coup.

Lionel




La clinique de l'amour
Il était une fois une comtesse qui s'appelait Cunégonde Ragougnard. Elle n'arrivait pas à trouver un fiancé. Elle avait perdu sa mère à la naissance et portait en elle une atroce culpabilité qui la dévorait de l'intérieur. Comme mue par un désir de vengeance, la nature l'avait affublée d'une série de tares plus rédhibitoires les unes que les autres. Elle arborait un odieux poireau sur le nez. Son chatoyant duvet brun n'était pas moins disgracieux que sa dentition incomplète, ni que ses yeux globuleux gravement affectés d'un strabisme divergeant. Sa voix nasillarde et forte atteignait les limites du supportable lorsqu'elle se décidait à chanter, pour mettre un peu d'ambiance dans une soirée d'hiver froide et humide par exemple. Les quelques personnes qui composaient sa cour par intermittence évacuaient leurs fluides intérieurs par les pores et orifices qu'ils ne pouvaient contrôler, condamnés qu'ils étaient à rester et à sourire.
Comme cela ne suffisait pas, elle était méchante. Elle détestait son peuple et s'amusait à l'humilier constamment, à le priver des libertés les plus élémentaires et à le maintenir dans la pauvreté et l'ignorance. Cela dit, il faut reconnaître que ce peuple apathique, égoïste et sans imagination se satisfaisait de la situation. Quelques révoltes éclataient bien ça et là, pour des raisons alimentaires la plupart du temps. Certains revendiquaient même le droit de chasse. Mais le braconnage et le chapardage régulaient à peu près le système, tout en préservant les privilèges apparents. « Pas vu, pas pris » disait bien un dicton populaire.
A la mort de son père, le comté se retrouva dans une situation critique. Fille unique, Cunégonde devait absolument dégoter un mâle de souche noble et capable de la féconder. Mais personne ne se bousculait à ses porte-jarretelles. Le conseiller Yémat Bianco lui suggéra d'essayer la chirurgie esthétique. Le financement ne fut pas aisé à rassembler, la Caisse de Solidarité de la Noblesse ne remboursant que les frais consécutifs à des blessures de guerre. Il fallut avoir recours à l'emprunt et à un impôt spécial, ce qui plongea le pays dans une grande pauvreté. Mais la collectivité accepta de fournir l'effort, sa survie étant en jeu. En fait, elle n'avait pas vraiment le choix.
La somme réunie, la comtesse et sa cohorte entreprirent le long voyage jusqu'à la capitale du royaume, en quête d'un chirurgien très compétent et pas trop cher. Mais, au vu de l'ampleur de la tâche, le budget ne leur permit de s'offrir qu'un ancien praticien retraité des armées et son disciple à peine sorti de l'enfance (le fils de sa concierge à qui il rendait un service à défaut de lui verser un salaire). Le résultat fut honnête sans plus. « Pour ce prix, je vais vous faire le plus gros », avait-il expliqué sobrement.
La salle de réveil baignait dans la lumière du soleil couchant, enveloppant tout être et toute chose d'une douce ouate dorée. La plus ignoble des créatures deviendrait merveilleuse avec de telles couleurs pensa Cunégonde, qui avait ses moments de poésie. Et c'est à ce moment qu'elle le vit, l'homme le plus viril qu'elle n'ait jamais eu l'occasion de rencontrer. Elle adorait son grand front noble et ses sourcils épais, son regard profond et tendre comme celui d'un enfant et ses mains larges et puissantes. Le baron Kreatür Von Frankenstein était ici pour un simple resserrage du boulons apprit-elle dès qu'ils eurent engagé la conversation.
Ils convinrent de se revoir et le firent. Une complicité naquit et, peu à peu, finit par franchir le cap dangereux de l'amour, jusqu'au jour fatal où ils décidèrent de se marier, les rondeurs exceptionnelles de Cunégonde commençant à faire jaser. Kreatür remboursa les paysans avec un intérêt qui leur rendit jusqu'au sourire. La fête dura plusieurs jours. Mais il fallut bien se remettre au travail, la terre étant toujours aussi basse et le sol caillouteux.
Quant à Cunégonde et Kreatür, ils vécurent à peu près heureux et eurent beaucoup d'enfants pas trop laids, pas trop méchants et pas trop paresseux.

Juan Polodos
(traduit et adapté de l'espagnol)



Monsieur,
Il y a quelques années de cela, vous avez bien voulu confier à notre entreprise la création du monde.
Cette volonté a donné lieu à la signature d’un contrat mutuel énonçant de façon explicite les droits et devoirs de chacune des parties contractantes.
Pour notre part, nous pensons avoir entièrement satisfait aux exigences dudit contrat.
Or, quelques affaires récentes et qui ont fait l’actualité semblent de nature à laisser planer un doute sur la qualité de nos produits. L’élément humain, en particulier, clé de voûte de notre création et dont le brevet a fait notre réputation sur la place, se voit remis en question quant à sa nécessité et à sa viabilité.
Vous comprendrez quel préjudice nous apportent ces mises en cause en terme d’image et de crédibilité, quand nous persistons à estimer que la responsabilité en incombe entièrement à vos agissements dénaturés et contraires à l’esprit de notre accord.
En conséquence, et selon l’alinéa 218bis du contrat qui nous lie, nous sommes résolus à faire valoir notre droit de rétractation contenu dans la clause de conscience autorisée par la loi.
La fin du monde interviendra donc dans un délai de dix jours.
Les sommes déjà versées vous seront remboursées, à l’exception des frais de dossier.

Yann Fastier




Ah ben, elle commence bien l’année ! Comment il veut que j’écrive un texte sur le début et la fin, l’autre, alors que j’ai même pas commencé à faire le repas et que ce matin j’ai même pas eu le temps de finir de faire le lit ? J’ai pas que ça à faire, moi ! Bon, d’accord, c’est pas la fin du monde de manger des raviolis en boîte et de dormir dans le même trou, mais quand même, c’est un peu négligé, et je dirais même que c’est le début de la fin. On commence par les raviolis et on finit par les chenilles-apéritif ; on commence par un lit pas fait et on finit par ne même plus changer les draps quand il y a eu du pipi. Non, non, et non. Pour bien débuter l’année, il faut de la rigueur, de la rigueur et de la rigueur (et ne me parlez pas d’alèse). Ce qui suppose en premier lieu de mettre un terme, je dirais même plus, un point final à ce texte inaugurant 2005. Ce qui fut fait. Sauf qu’il me manque encore une ligne pour atteindre les dix en dessous desquelles on est recalé, alors pour meubler j’ai pensé parler de la finalité chez Kant, mais c’est trop tard, parce que ça y est : je les ai mes lignes, et même plus, je l’ai fini mon texte. Ouf.

Fabienne Séguy"




Quand le père noël a voulu sortir de la cheminée et qu’il a posé sa main sur la brique, je lui ai crié : - Attention Père Noël ! La brique est brûlante ! »
- Eh ! Jeune fille ! Tu me prends pour un débutant ? », qu’il m’a rétorqué.
- Mais non pas du tout… mais la brique est brûlante... quand même… »
Il se moquait bien de la brique car il y posa ses deux mains légèrement.
- Oh que vous êtes habile ! j'ai dit.
- C’est pour mieux te servir, mon enfant...
- Ah oui, et vous m’apportez quoi cette année Père Noël ?
- Une fessée.
- Hein ?
- Une fessée pour clore ton enfance. Elle a assez duré comme ça.
- Ca va pas ?
- Si, ça va très bien. Allez, amène-toi.
De force j’ai dû le suivre sous les escaliers où il y a un placard (comme chez Henri Potère). Là, le Père Noël a soulevé ma robe et m'a mis une grosse fessée. Quand j'ai eu fini de pleurer, il m'a regardé droit dans le yeux et il m'a dit que l'an prochain on passerait aux choses sérieuses.

Bobi




Au début il n'y avait rien, rien qu'une page vierge de toute histoire. Des doigts se sont posés dessus cette surface intacte et l'ont caressée. Ce fut le seul contact corporel de toute cette histoire mais il fut constant. Au début il ne s'est pas senti impliqué, cette caresse était pareille à celle dont on peut effleurer un objet, sans trop y penser. Un premier contact, sans trop y toucher, il ne voulait pas s'abandonner à cette histoire folle, cette histoire qui après tout n'était pas la sienne. Ses pensées étaient ailleurs mais ses doigts se promenaient toujours doucement sur cette blancheur pure.A la fin il n'y eut plus rien. Plus rien qu'une page vierge de toute histoire. Mais ses doigts n'y étaient plus. A la fin ses yeux fixaient la page vierge de toute histoire qui voulait se refermer. Dans ses pensées son histoire à lui continuait et se répétait allant et venant comme ses doigts caressants peu avant. Nul besoin de caresser désormais, c'était son esprit qui faisait corps avec cette blancheur muette.L'histoire du lecteur amoureux.

Héléna BONNET



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