Ecrire et illustrer: février 2005

28 février, 2005

 
Voici les résultats du jeu 13 - février 2005

Le sujet était :
"Écrire un texte de 10 à 25 lignes dans lequel doivent impérativement figurer les mots :
Dromadaire - Patibulaire - Île - Enjoliveur - Latte".





Sentier "La bosse et les plumes"
DUREE : 3 h 15
LONGUEUR : 13 km
BALISAGE : marron foncé
POINT DE DEPART : Parc des dromadaires, zoo de Saint Gulin (42)


Ce sentier offre une belle promenade et vous permettra de découvrir plusieurs sites très pittoresques. Pour éviter de payer l'entrée du zoo, nous vous conseillons de passer à travers les grilles du parc au niveau de la fosse aux ours ( oursus patibularus ) .

1. Aprés avoir jeté un regard sur le petit parc des dromadaires, tourner à droite, jusqu'à l'île aux oiseaux. La outarde barbue vous accompagnera un moment avec Toco le toucan et Jean Francois le pic-vert.
2. Suivre alors le sentier ombragé et parfumé dans le bois des singes.
Vous remarquez les ouistitis géants à chapeaux ( dans nos regions, et pour pallier au manque de noix de coco, les soigneurs ont pris l'habitude de leur fournir des enjoliveurs, qui fond de trés jolis couvre-chefs)
3.Tourner à droite puis à gauche, puis à droite. Enfin, suivre le balisage.
Attention, le balisage n'est pas toujours visible ( peinture marron foncé sur support naturel !)
4.Ce sentier ne decrit pas une boucle. Pour retourner au départ, découper les lattes de protection de l'enclos des rinoferoces ( rinus patibularus), traverser vite et rejoingner le point de départ du sentier.

Sophie





Illustration de Kiwivole



A première vue, le dromadaire est un animal à tendance continentale, voire même sableuse. Moi qui suis myope comme un animal fouisseur, je sais très bien qu’il faut rarement se satisfaire de la première impression. Cela s’est d’ailleurs confirmé lors de la découverte, dans une petite île du sud pacifique, d’une espèce particulière de dromadaire : le patibulaire, décrit en 1812 par le célèbre biologiste Marcel Enjolier. Contrairement au dromadaire classique de nos contrées arides, connu pour son caractère grégaire, jovial et sa propension à tricher au bridge, le patibulaire déteste les jeux de société et les clubs de supporters. Il n’est donc pas surprenant de retrouver sa trace dans ces contrées lointaines à l’écart des vaines agitations mondaines. Plus coutumier du coup de latte que du bisou dans le cou, notre acariâtre animal se nourrit de lichen et de naufragés. Couvert d’enchymoses et de traces de morsures, le courageux Marcel accumulait les observations et les pages de notes lorsque l’île, victime d’un plissement tectonique, fut engloutie à tout jamais dans l’océan. Miraculeusement sauvé par un baleinier, Marcel revint en France où il exposa devant l’académie des sciences le fruit de ses patientes recherches. Il fut immédiatement la risée de ses confrères et devint, dans les couloirs de la société savante, Marcel l’enjoliveur.

Martine et Marc






Illustration de Yobu


J'ai dix ans.
Ma soeur est encore partie se plaindre à ma mère de mes agissements aprés avoir réduit en miette ma BD préférée.
J'ai rien fait, merde!
Putain je suis effondré.
Le monde est vraiment trop injuste.
Ma mère est encore en train d'engueuler mon père.
Si elles sont toutes comme ça les filles, je ferais mieux de rester à distance le plus longtemps possible.
Dés qu'elles sont à plusieures, elles complotent, puis elles nous accusent de tous les maux.
Je suis pas de taille.

J'ai quinze ans.
Sandrine m'ignore superbement, elle me préfère de loin ce cheval andalou garé au milieu de Séville.
Qu'est-ce qu'il a de plus que moi ?
Il fait même pas propre, le vieil enjoliveur en tôle qui traine sur ce bout de pelouse à plus d'allure que cette carne grisâtre et caractérielle, il a essayé de me mordre.
Elles sont quand même un peu Bécheuses, elle et sa copine, mais au moins elles déchirent pas mes livres.

J'ai dix sept ans.
Marie est un refuge, Marie est une île et je ne sais plus nager.
Marie me regarde comme si je soutenais ce ciel menaçant au dessus de ses épaules.
Alors que non, je suis sûr qu'elle va se rendre compte de quelque chose.
Ce n'est pas possible que ma soeur et elle fassent parti de la même espèce, on m'a trompé, doit y avoir une explication scientifique.
Je suis mal à l'aise, je sens confusement que cela vient des mots, des mots de vie surtout, ceux qui engagent.
Il y a tromperie.
Les mots mentent, les mots m'enferment, comment parler tout deux alors que déjà, dans «fille» il n'y a pas assez de lettres pour la contenir.
Comment parler alors que pour moi, jusqu'ici, « fille » était un mot aussi rigide que « latte », aussi compliqué que « patibulaire ». Je commence juste à voir les boucles des « L ». Comment ai-je pu être à ce point aveugle ?
Je ne peux que la regarder.

Mon étymologie roule et cahote sur des souvenirs flous, elle sent plein d'odeurs, elle est bruyante d'une multitude de sons.
Elle crachote des consonnes vertes et des voyelles rouges, ou jaunes, voir oranges dans les mauvais jours.

Mes mots me trompent et les votres me semblent parfois si fous, c'est le syndrome du dromadaire.
Comment un dromadaire pourrait-il parler à des chameaux, si tenté qu'il soit bilingue, c'est si singulier pour un dromadaire, une bosse.

Yobu




Illustration de Bobi



Lu dans la rubrique « faits divers » d’un journal :
« Un dromadaire sur l’île de la Cité ! Vendredi, alors que roues et enjoliveurs se pressaient déjà dans les embouteillages du week-end, un événement peu banal se produisait sur l’île de la Cité. Les touristes et les parisiens présents ont en effet eu la surprise de voir déambuler un dromadaire sur lequel était juchée une dame d’un certain âge à la mine patibulaire et à l’air fatigué. Dépêchés sur place, des agents de police municipaux, après avoir essuyé quelques coups de latte de la part de l’animal, ont réussi à entrer en communication avec la dame haut perchée. Celle-ci leur a alors appris que, partie faire un voyage organisé en Tunisie et ayant pris l’option « Excursion dans le désert à dos de dromadaire », elle s’était trouvée dans l’impossibilité, au retour de la randonnée, de descendre de sa monture. Les sentiments, la persuasion, les coups : rien n’y avait fait et elle s’était ainsi retrouvée sur un bâteau, puis sur des routes pendant des jours et des jours, combien elle ne savait plus, jusqu’à son arrivée, aujourd’hui, à Paris, affaiblie, à bout de forces. Il a finalement fallu l’intervention d’un hélicoptère pour réussir, dans une cascade digne de Belmondo, à la déloger de son perchoir. À terre, Mme S. aurait déclaré souhaiter s’inscrire plutôt pour un voyage en Norvège la prochaine fois. »

Tout cela m’aurait bien fait rire, moi aussi. Si ça n’avait pas été ma mère, sur le dromadaire… (Et en plus, les journaux ils se trompent tout le temps, parce que c’était pas un dromadaire mais un chameau).

Fabienne Séguy




Lorsque vous quittez Bamako et prenez la piste qui remonte vers le nord en suivant le langoureux fleuve Niger, il se peut que vous croisiez la route de jeunes bergers peuls qui conduisent leurs troupeaux cornus vers des paturages incertains. Il pleut difficilement ici. Les rares villages aux cases en pisé sont entourés de maigres cultures : arachides, mil, patates douces, et dépendent du flux du fleuve. Quelques papyrus servent de refuges aux aigrettes et hippotames.Auprès du village de Lundaka, faites halte. Garez votre 4/4 climatisé sous un buisson de grenadiers et allez faire un tour vers le fleuve. Vous serez vite accompagnés par une joyeuse bande d'enfants qui vous montreront l'ile aux éléphants (hélas disparue aujourd'hui).N'oubliez pas d'aller visiter le pittoresque musée d'Amédée qui collectionne les enjoliveurs tombés des camions et autres véhicules à 4 roues motrices qui roulent sur la piste défoncée.Si vous êtes à Lundaka à la saison sèche, vous aurez peut-être la chance d'apercevoir quelques touareg venus à dos de dromadaire, faire du troc avec les villageois.Et le soir venu, en faisant fi de la mine patibulaire du patron Joseph, prenez une chambre au petit hôtel qui se trouve en bordure du Niger. Fatoumata la maitresse de maison, vous accueillera avec son sourire en vous proposant quelques mangues et une bière de mil. Vous dormirez dans une chambre blanche, dans un lit ou la moustiquaire saura vous protéger des assaillants nocturnes. Vous vous endormirez bercé par le chuchotis des pales du ventilateur, sur un sommier à latte du meilleur fournisseur local : Souareba le menuisier.Et prochaine étape : le Sahara.

Véro.





Ilustration de Jujubox



Quelque chose n’allait pas et ça le tracassait, Paulin. Pourtant, il n’aurait su dire quoi… Il s’était levé normalement, avait déjeuné… il avait pris sa douche… rien d’anormal. C’était depuis qu’il était sorti de chez lui. Quelque chose devait titiller son subconscient, mais quoi ?
Il regarda autour de lui. Tout semblait normal : les arbres de l’avenue perdaient leurs feuilles, les voitures passaient en chuintant sur l’asphalte mouillé… A ses pieds, le dromadaire d’un paquet de Camel se lustrait le poil à la bruine d’octobre… Et ce type moustachu, là, qui courait pour attraper son bus, il n’avait rien d’anormal…
La moustache ! Mais oui ! Cela le frappa soudain : depuis qu’il était sorti, il n’avait croisé que des moustachus ! De la moustache en brosse de son voisin du dessous, croisé dans l’escalier, jusqu’aux énormes bacchantes de ce livreur joufflu, des moustaches, des moustaches et rien que des moustaches ! Soulagé et amusé, il se tâta machinalement la lèvre supérieure. Son sourire se figea. Nom de nom ! Une moustache ! Lui aussi !
Eberlué, il chercha un miroir, une vitrine, n’importe quoi. Il se pencha sur le rétroviseur d’une voiture en stationnement, pour se découvrir affublé d’une fine moustache, genre Zorro, qui lui donnait un faux air de jeune premier. Un instant, il éprouva le regret d’une pilosité plus nietzschéenne, mais il se secoua : enfin, ce n’était pas possible ! Il s’était vu glabre il n’y a pas un quart d’heure !
Il rêvait. Il allait se réveiller. Pour s’en convaincre, il donna un grand coup de pied dans la roue de la voiture. L’enjoliveur tomba avec fracas.
« Ma bagnole ! »
Le type qui arrivait sur lui en braillant n’avait rien d’un tendre. Plutôt l’allure patibulaire d’un méchant de burlesque, l’œil charbonneux et la moustache en croc.
« Filer des coups de latte à ma bagnole ! Tu veux que je t’arrange ton affaire, gommeux ? »
Paulin, confus, tentait de s’excuser, d’expliquer son trouble devant cette épidémie de moustaches, mais l’autre ne voulait rien entendre, le menaçait du poing en brandissant son enjoliveur.
Attiré par le bruit, un agent de la circulation, nanti d’une imposante impériale, s’approcha, l’air gourmand.
« Des moustaches à ressort, si je comprends bien ? Allons monsieur, vous devriez rentrer vous reposer… »
Dans un état second, Paulin reprit son chemin. Il ne réagit même pas lorsque, traversant l’Ile de la Cité, il croisa deux petites filles, deux parfaites réductions de Hitler.

Yann Fastier



Chère Amie,
Pourquoi avoir attendu si longtemps pour vous faire cette lettre ? Je ne saurais vous répondre aujourd’hui. Voila bientôt 15 ans que j’ai quitté notre ville natale pour vivre avec cet homme à qui vous trouviez un air patibulaire. Vous n’aviez pas tort, mais il n’en a que l’apparence, je n’ai pas rencontré personnage doté d’un esprit aussi brillant qu’un enjoliveur neuf de DS présidentiel.
Je vous parlais souvent de mon désir de connaître la Mongolie, nous y sommes allés pour un mois et finalement notre séjour a duré 4 ans. Il m’a fallu plusieurs semaines pour apprivoiser les chevaux, vous connaissez mon grand courage !!! Grâce à la patience et la gentillesse de nos hôtes. Il y a tant d’histoires à vous raconter, je ne sais par où commencer, je me souviens d’une scène un peu particulière, nous nous promenions sur un plateau désertique lorsque surgit, de je ne sais où, un cavalier nu brandissant une latte au-dessus de sa tête. Nous ne l’avons jamais revu, on nous a conté plus tard que le fantôme d’un homme ayant combattu dans la cavalerie sortait parfois de sa yourte pour impressionner les étrangers. Nous avons fait divers petits boulots pour vivre. Puis nous sommes repartis, après le désert froid de Mongolie, le désert chaud du sud Algérien nous a accueilli. Changement de lieu, changement de monture, après les chevaux mongols, ce n’est pas un dromadaire qui allait me faire peur ! Nous avons vécu en Algérie 11 ans, mais, enfin, une occasion de concrétiser un rêve d’enfance semblait être prêt à se réaliser, quittant tout sur le champ, nous sommes revenus à nos sources. Maintenant je sais pourquoi je vous écris, je souhaite de tout mon cœur vous revoir. Je vous invite donc à venir nous rejoindre sur notre île à Vassivière où mon mari et moi-même sommes devenus gardiens de phare. Vous aurez la surprise de faire la connaissance de nos enfants, vous les aimerez sans aucun doute.
A présent j’ai hâte de vous revoir, de vous serrer dans mes bras, nous avons tant de choses à nous dire.
Je vous embrasse tendrement et vous dis à très bientôt.

Nathalie





Illustration de Zézette




Diego était arrivé à la décharge, à 6h30 comme tous les matins. Il devait attacher les chiens avant que son père arrive. Il savait que son père en avait peur. Mais ce matin les deux vieux colosses ne répondaient pas à son appel.
La décharge était grande, y'avaient des tas de vieilles ferrailles partout. Les chiens d'habitude l'attendaient à l'entrée, près des grilles, toujours près à bouffer le premier inconnu qui viendrait les voir d'un peu trop près !
Maurice, crût entendre un bruit. Il ouvrit les yeux.
Diego traversa le coin des enjoliveurs. Des enjoliveurs y'en avaient plus qu'il ne pourrait en larguer tout comme le reste d'ailleurs ! Près d'un monticule il vit ses deux chiens étendus au sol. Du sang autour d'eux. " ben merde, c'est quoi ce carnage ?"
Maurice avait mal. Il ne pouvait pas bouger.
Un mec le regardait penché au-dessus de lui. Putain mais j'suis où ? Au moins j'suis pas paumé tout seul sur une île, ce mec là avec son air patibulaire y voit pas que j'ai une soif de dromadaire, putain ça fait combien de temps que j'suis là, putain j'ai mal ?
Diego n'en croyait pas ses yeux. Depuis le temps qu'il travaillait à la décharge, il n'avait jamais vu un spectacle pareil. "Merde c'est les chiens, ils l'ont bouffés à moitié avant que ce type leur fasse la peau".
Il ne fallait pas que son père voit ça. Diego ramassa une vielle latte. Il regardait ce pauvre mec à moitié mort que les rats de toute façon allaient pas tarder à achever. Il leva les bras et frappa de toutes ses forces.
Maurice ferma les yeux.

Nadine



Enfin la piste allait disparaitre.
Sans limite vraiment nette. Sans vraiment prévenir.
Comme s'en va un mauvais rêve.
Emportant le trouble. Apportant la paix.

Jusque là, tout n'avait été qu'agitation, tumulte, secousse, précipitation. L'oeil sur le temps pour vérifier qu'il ne s'écoule pas trop vite ou pas trop lentement.
Jusque là, tout n'avait été que béton, goudron, bouchons.
Jusque là, tout n'avait été qu'apparance, brillance : enjoliveurs d'une réalité insupportable.

A partir de là commençaient l'inattendu, l'insoupçonnable.
A partir de là commençaient les couleurs, les lumières, les matières, les reliefs, l'infini, le silence.
A partir de là commençaient les émotions.
Les colonnes de dromadaires indolents et fiers qui offrent à l'immensité tout son sens.
Le minéral dressé vers le ciel en de majestueuses cathédrales sous la lumière, ou comme de monstrueux géants à la mine patibulaire lorsque la nuit s'invite.
La multitude d'yeux scintillants qui donne au ciel sa malice nocturne et encourage la Croix du Sud qui hésite à
pointer son nez à l'horizon.

Enfin allait apparaitre, du fond du désert, l'homme bleu.
Tunique au vent, latte au côté, turban patiemment tortillé sur la nuque droite.
Un sourire esquissé sous le chech qui fait jaillir l'étincelle d'un regard vif et pointu.
Joie de donner ou recevoir, en d'interminables salamalecs, des nouvelles d'autres campements.
Plaisir de s'asseoir enfin autour d'une théière cabossée qui déjà chante les bonheur des thés partagés.

Enfin allaient surgir, du fond du désert, les targuïas, gardiennes des troupeaux et des traditions.
Femmes du désert en noir, en rouge.
Un long foulard léger jeté sur la chevelure lissée.
Les yeux gris soulignés d'un trait de khol, pleins d'étoiles.
Leur approche timide, hésitante.
La distance respectueuse qu'elles laissent entre elles et l'homme bleu qui déjà s'invite autour du feu.
Leur soif de paroles, de rires, d'étreintes complices et féminines.

Enfin la piste allait disparaitre.
Enfin allait commencer le retour.
Le retour vers le plus profond.
Vers le plus profond de l'ile de soi-même.

Kti Guerry




Sa photo m’angoissait. Il semblait me regarder dans le noir et m’ignorer dès que j’allumais. Les sales effets des photographies en noir et blanc, les argentiques. Qui révèlent l’intérieur en dégradant l’extérieur. Ne prenez jamais votre amoureux en photo si ce n’est en couleur ou en numérique. L’avancée de la technologie a permis à chacun de croire encore qu’il partageait sa vie avec une âme et non seulement un visage un corps une texture. Et pourtant cette photo depuis que je l’avais trouvée sous une latte de la salle à manger – son côté cinéphile enjoliveur, son aspiration à faire comme dans les films bien sûr, notre vie commune n’a été qu’une longue suite de scènes ne cessait de me hanter et de faire miroiter dans mon esprit ce petit bout d’île de neurones qui daignaient encore remettre un nom à mon défunt scélérat. Il trônait sur l’image auprès d’un dromadaire à l’air patibulaire, un vague air de famille. Mais un seul des deux était destiné au gibet.
Héléna Bonnet


Un enjoliveur de dromadaire,
Arpentait d'un pas tibulaire
Une île pour une partie de jambes-en-l'air.
Les lattes du lit se brisèrent.

Marina Trahay



13
Sur l'ile des dormeurs
Un dromadaire patibulaire
Léchait l'enjoliveur
Du 4*4 d'une blondasse
La maréchaussée l'interpelasse
Défendant la connasse
La bête à bosses péta un câble
Et dans la tête du gendarme
Balança un coup de latte

Michel Boucher



11 février, 2005

 

Textes libres


1.

Je viens d’un corps humide
Liquide caverneux constitué des pelures du temps
Je vais vers l’oubli et le renoncement
À l’éternité.




2.

Une syllabe postée sous ma langue
Éclate dans ma bouche pour se répandre
Dans mon conduit nasal et altérer ainsi l’odeur du feu.




3.

Un oiseau sous le pied cherche à s’envoler
Par miracle le vol est libre et le temps clément
Sur la paroi verticale
De granite.



4.

Je pleure dans ma tour de Lotus
Je me déshabille sur mon parterre de Jonc
Je cours dans le Vent
Nous sommes seuls
Dans l’Etang.



Joffroy Faure

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Je te sens balnéaire...


A mi-cheval entre le patibulaire et le rond de queue
l'île s'envale
s'avale et s'avole tout en couleur.
ça raffole dour
de grands vélos à ailes d'éventails éventés
à l'air d'éventails édentés brillent.
elle se fait courtiser
il ne flagorne pas
elle rougit,
tout est pour le mieux faisons plaisir aux gens
et fais-je moi plaisir !

il faut s'activer c'est sûr
et au sud il fait meilleur vivre
d'ailleurs on s'en fout du marché, les épinards c'est
pas ma vie.

car
se placer juste après l'équateur c'est le best, l'ile
patibulaire et fortuite

(et les canards des trompettes emballées froides (
toujours les canards)

comme il faut écrire il faut que vous lisiez

mais je serai gentillement écourtée et courte

c'était : Epique la défieuse américaine
100% éxaltée et provocante !
et courte

Marjolaine Bonnet

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J’ai rêvé de toi.
Tu me parlais d’elle, dans un lit, allongée sur moi que ne protégeait que ton tee-shirt blanc et ton string peut-être rouge.
J’avais fui l’appart à cause de gros scarabées noirs qui mangeaient tout les coins de tiroirs de mon meuble à fringues.
Tu t’étais glissée sans un bruit dans mon lit de fortune.
Je n’avais senti que ton corps cherchant sa place contre le mien et ton souffle lorsque tu approchas ma bouche.
Tu parlais du temps et de mon obstination à le gaspiller.
Tu glissais vers le chuchotement et ta voix devenait rauque.
Cela ne faisait qu’accentuer le sentiment de danger et d’interdit qui m’envahissait.
Mes mains parcouraient tes fesses.
Tu as fui bien avant que je n’aille trop loin.

Le lendemain, je suis allé te voir.
J’avais envie de vérifier si tu pouvais être aussi cette autre.
Je ne t’ai rien dit.
Mais tu as bien dû remarquer au fond de mes yeux une lueur, parce que ton regard a changé.
J’avais la sensation de te voir pour la première fois.
Je pensais à cette chose sans tête qui nous reliait depuis tant d’années.
Comment aurions-nous pu la nommer ?
Et quel chemin avait-tu pris pour pénétrer dans mon rêve, moi qui ne me souviens jamais ?
Comment s’appelle ce fil tendu qui conduit à tes yeux et m’empêche de me perdre tout à fait ?
Tu me veilles quand je m’endors, je t’ai vue.

Yobu

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Il était beau dans son pantalon de peintre, avec son chemisier de soie asiatique et son poncho péruvien…une marche au dessus de moi sur l’escalator, il m’a souri alors que je baillais d’ennui. Puis il s’est retourné pour en descendre en chaussant un bonnet mexicain.

Héléna Bonnet

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Il y a eu une musique et elles ont commencé à danser
dans le jardin
Parfois elle (moi) remontait remettre le cd aux
premiers morceaux, les plus mélodiques,
le poste sur le rebord de la fenêtre
il ne pouvait pas tomber parce que j'étais avec mon
amie
elle
elle
née redressée
il y a eu un éblouissement
et cette femme de théâtre-une voisine
une voisine
voix-Mélusine d'ailleurs
donc le gros poste rond sur le rebord
la fenêtre seulement son rebord et ouverte au jardin
par cette même fenêtre j'ai vu l'autre brune
sa collocatrice
donner une bise à son père
ils se sont vus vus
maintenant j'ai appris qu'ils s'aimaient comme c'est
interdit
comme c'est interdit on a dansé aussi et couru dans la
rue
toutes les manifs pieds nus à tournoyer
croyez-vous à cette fraîcheur
élé
amitié
rennes
reines
r'aime
rame
r'aimez
Ramez est-ce un nom portugais ?
j'ai quelques questions
avez-vous ma soeur déjà tournoyé ?
et votre coeur rouge...
aime-t-il voyager et comment ?
je vous écrit d'une planète où l'on était petites
et où l'on était d'accord
on voyait des chateaux de style "néo-castique" et l'on
était d'accord ma-soeur ma-soeur
même gémellaire à l'arrière de la voiture
alors comment ton coeur à ce jour ?

Marjolaine BONNET

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Il y a eu une musique mais elles ne l’ont pas écoutée
Enfermées
Elle continuait de parler (elle) sans s’arrêter, une voix monocorde un visage expressif,
une douleur à sortir,
mais qu’elle ne pouvait exprimer.
Je ne pouvais pas partir parce que j’étais avec elle
Elle qui n’était pas née pour pleurer
La brune d’en face
Qui fermait ses rideaux parfois sans raison
Moi je ne danse pas et je coure sur la vie
Je ne voyage pas je ne tournoies pas
J’ai trouvé où je suis et j’y reste stoïque
Je vous écris d’une planète où j’ai trouvé la sérénité
La simplicité
Le bonheur sans gaieté
Je suis toujours restée amoureuse des châteaux néo castiques
Ils ont une beauté cachée qu’il ne faut expliquer
Nous la comprenons
Ce sont nos châteaux
En Espagne
Chez M. Ramez qui nous avait indiqué le chemin dans sa voiture verte
Parce qu’il parlait français
Et construisait des maisons
Mais j’ai quitté
Ma gemme
Maux
Mon cœur est à moi aujourd’hui
Et c’est plus sain ainsi.
Il demeurera rouge fusion
Rouge émotion
Rouge colère
Rouge soleil
Comme tu le connais

Héléna BONNET




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