Ecrire et illustrer

17 novembre, 2006

 
Suggestion :

Vous pouvez éventuellement poursuivre les exercices d'écriture ici

Paroles Plurielles

Sujets imposés tous les 15 jours avec une image pour support
Textes courts seulement, entre 1700 à 2000 signes espaces compris
Textes à envoyer dans le corps du mail avec pseudo parenthésé à côté du titre

Avant d'envoyer le 1er texte lire impérativement la rubrique "
Lire avant tout"

............................................................................................................................................Bobi


30 juin, 2006

 

Voici les résultats du jeu n° 27 - juin 2006



Le sujet était :

"Le cauchemar de ma vie"

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(Les textes et illustrations sont publiés dans l'ordre de leur réception)

Merci à tous les participants pour leur belle complicité, en particulier pour ce jeu numéro 27

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Le cauchemar de ma vie c'était quand je devais me lever pour aller à l'école. C'était mon grand-père qui me réveillait. Et c'était horrible parce qu'il avait si mauvaise haleine que ça me donnait mal au ventre. Parfois je prenais mon courage à deux mains et j'aspirais son odeur jusqu'au fond des poumons.

Ambroise Paré




Illustration : Zézette




Un jour mon frère m'emmena dans un parc où il y avait autant de jeux pour enfants qu'il y avait d'enfants. Tout de suite il pointa du doigt une balançoire immense ou personne ne se risquait. Il me dit qu'il m'estimait incapable de tenir plus de 3 minutes sur la planche de la balançoire la plus haute. J'allais confirmer et puis j'ai protesté qu'il me sous-estimait et que bien sûr que je pouvais tenir au moins bien plus de 3 minutes même s'il poussait fort. Il m'a regardé comme on regarde des épinards rouges. Puis il a tellement ri que je me suis vexé en silence. Depuis ce jour mes nuits sont pleines d'envolées sur des balançoires qui touchent le ciel. Des balançoires desquelles il m'est toujours impossible de redescendre.

Sébastien Bon



Le cauchemar de ma vie, ça a été la fois où Toc-Toc a voulu négocier avec le tigre-à-dents-de-sabre. D’habitude, c’est pas comme ça qu’on fait. D’habitude, quand on rencontre le tigre-à-dent-de-sabre, on commence par lui balancer un maximum de sagaies et puis on s’enfuit en criant beaucoup et en faisant plein de gestes. Mais ça c’est quand Toc-Toc préfère ne pas venir à la chasse avec nous. Notez, le connaissant, on ne le force jamais. Mais ce jour-là, il avait voulu venir et il avait bien fallu s’y résigner…
On était assez vite tombés sur une belle carcasse de zèbre.
Nous autres, on n’a rien contre les carcasses, en général. C’est toujours ça de chassé. Le seul problème, avec les carcasses, c’est qu’il y a toujours des gêneurs pour prétendre qu’elles leur appartiennent. Des accapareurs, quoi, genre tigre-à-dents-de-sabre…
On allait pour lancer nos sagaies, selon la tradition de nos ancêtres, quand voilà mon Toc-Toc qui s’avance et pis qui dit :
« Holà, messieurs ! Que diantre ! Ne nous fâchons pas ! Il existe sûrement une solution raisonnable à notre petit conflit d’intérêts… »
Il cause comme ça, Toc-Toc.
Faut quand même que je vous dise un petit mot sur lui, Toc-Toc. D’abord, c’est pas son vrai nom. Son vrai nom c’est Djouk l’Ahuri, mais on l’appelle Toc-Toc depuis la fois où il a absolument tenu à causer métaphysique à toute une famille d’ours. Il s’est très vite avéré qu’ils n’étaient d’accord sur rien. Toc-toc n’y a pas tout perdu, remarquez – juste une jambe – et il y a gagné une jolie béquille qui fait « toc-toc », « toc-toc » quand il marche. Le truc avec lui, je crois, c’est qu’il n’arrive pas vraiment à s’y faire, qu’on est des hommes, maintenant. J’ai eu beau lui expliquer cent fois, en le prenant par l’épaule ou en lui faisant les gros yeux, j’ai eu beau lui répéter que ça y était, maintenant, qu’il y avait eux et puis nous et que ça faisait deux, que nous on était plutôt du genre sapiens sapiens et eux plutôt du style « kesta kesta tu veux ma grosse patte griffue dans ta tronche toi ? », y a rien à faire, Toc-Toc, il y croit dur comme fer, à la possibilité du dialogue interespèces. Moi je suis pas contre, remarquez… Je ne déteste pas discuter le coup avec les ratons-laveurs ou les tortues, mais les tigres-à-dents-de-sabre… Ils ont un petit je-ne-sais-quoi de susceptible qui fait qu’on finit par se quitter fâchés.
Et là, mon Toc-Toc, il était bien parti pour nous faire tous déchiqueter…
Le tigre-à-dent-de-sabre a commencé à faire ce petit bruit, là, le même qu’on a entendu la dernière fois que Mémé est partie faire pipi dans les buissons et qu’on ne l’a jamais revue. C’était mauvais signe. Signe que les discussions allaient être âpres et un peu sans pitié.
J’ai commencé à tirer Toc-Toc par le pagne
« Allez viens, Toc-Toc, on s’en va, Toc-Toc… »
Mais lui n’a rien voulu savoir.
Il s’est redressé sur son bâton et il a fait une offre. 50/50, on te laisse le croupion et le gésier, mais tu nous laisses la peau pour décorer la grotte du chef.
Le tigre, ça l’a coupé net.
Il s’est approché à pas feutré. Moi, j’ai senti un ruisseau se former entre mes omoplates…
Et là, le tigre, il a pris son petit air ironique de gros matou matois et il a dit :
« Et sinon ?
- Sinon, c’est l’huissier », qu’il a rétorqué, Toc-Toc. Et puis il a sorti le papier timbré. Je ne sais toujours pas où il s’était procuré cette reconnaissance de dette, mais je vous jure que le tigre-à-dent-de-sabre, il est passé de beige à saumon avarié en moins de temps qu’il n’en faut à notre sœur la foudre pour exprimer son amour au grand arbre solitaire dans la savane.
On est reparti avec notre part de la carcasse et la peau, en ce disant que décidément, c’est beau l’évolution…

Et puis, bon, on a quand même emporté le croupion, faut pas déconner…

Yann Fastier



Illustration : Zézette




Le cauchemar de ma vie ce serait de me réveiller le matin dans ma chambre et d'ouvrir les volets et de ne pas reconnaître mon jardin parce qu'en fait j'aurais ouvert la mauvaise fenêtre.

Neil Armstrong




Illustration : Zézette



Le cauchemar de ma vie ce serait d'acheter un lapin nain et blanc avec des yeux rouges qui mangerait des carottes sans que ça le rende plus aimable et qui perdrait ses poils par distraction.

Le grand méchant loup


Illustration : Le grand méchant loup





Il était une fois une grande villa sur la Côte Basque. L’été nous y ramenait tous, cousins cousines et compagnie. L’été : plus d’école, les vacances. Non loin, perché sur la falaise, le phare, doigt blanc levé vers le ciel, semblait défier l’océan de sa verticalité. La nuit nous observions ses 4 pinceaux lumineux qui tournaient selon un rythme immuable, un/deux……. un/deux …….. Ils éclairaient la chambre entre les volets mi-clos, c’était rassurant.

Ce jour-là, l’orage grondait dans le lointain, tournait autour de nous en cercles concentriques. Le ciel était de plomb, il ne pleuvait pas encore, mais nous étions rentrés jouer à l’intérieur, sous l’œil bienveillant de la vieille nounou qui s’occupait des plus petits. Les parents étaient partis assister à une vente aux enchères dans un château des environs.

Soudain, une déflagration en même temps qu’un éclair fulgurant, fit trembler le sol sous nos pieds, comment dire…. c’était comme si, particules élémentaires, nous étions au centre d’une ampoule électrique en train d’exploser. Les plus petits se mirent à hurler, les plus grands, en pleurs se cachèrent sous la table. Ma mère ! Où était ma mère ? Aurait-elle échappé à la foudre qui venait de désagréger la planète ?

Depuis, quand l’orage approche, j’ai toujours une boule d’angoisse qui me pèse sur l’estomac.

Gradiva




Illustration : Bobi




Le cauchemar de ma vie c'est quand je dois faire le ménage et que mon balai est sale. Alors j'appelle ma femme mais une fois sur deux je ne la trouve pas. Alors à chaque fois je vais chez le marchand et j'achète le premier karcher dans le premier rayon, à droite.

Nico Sarlazico



Illustration : Oliver Mine




Pour moi le pire cauchemar de ma vie c'était quand j'ai fait l'amour la première fois avec une fille. Elle était tellement vierge qu'elle a mis du sang partout pendant 5 jours. D'ailleurs elle avait prévu le coup car elle portait des serviettes qu'elle appelait hygiéniques. Elles étaient tellement blanches ses serviettes que le sang dessus paraissait vraiment rouge.

Jean-Claude Vandome





Illustration : Anonyme



Hier, alors que je venais de sucer une pastille mithridatisante à la violette et de libérer mon Conseil, j'ai entendu un long murmure s'élever dans la cour. Je me suis penché par la fenêtre et j'ai aperçu une femme en petite crinoline. Elle avançait parmi mes hommes, hautaine, sublime et angélique. A la seconde où je la vis je sus qu'elle était pour moi. Hélas elle ne monta jamais l'escalier qui menait à ma chambre. Car au moment où elle franchit le seuil de mon palais, on m'apprit qu'elle connut un retour de flamme si violent qu'elle s'enfuit en criant un prénom qui n'était pas le mien.

Louis Catorze



Illustration : Michèle Merssié

02 juin, 2006

 
Il n’est pas très difficile de trouver des choses épouvantables à raconter. On en lit dans les journaux, dans les livres, on en voit au cinéma, il s’en raconte dans la rue, dans les bistrots et même chez le coiffeur. Là, elles peuvent avoir un intérêt tout professionnel : votre coiffeur vous en raconte une bien atroce, vous frémissez d’horreur, vos cheveux se dressent sur un crâne moite et crac ! en quelques habiles coups de ciseaux la coupe est faite.
Sans même parler de toutes ces sources d’informations, nous arrivons à inventer toutes sortes de situations par le seul pouvoir de notre imagination. Lequel d’entre nous n’a jamais fait l’expérience d’un lieu isolé, d’une cave un peu sombre, d’une maison grinçante où son imagination s’est mise a cavaler comme un cheval emballé ? Pourtant, emballer un cheval n’est pas chose aisée, même mort.
Mon voisin Bernard me racontait l’autre jour qu’il s’était réveillé au beau milieu de la nuit alors qu’il était en train d’assassiner sa femme. Je n’ai pas osé lui dire que je le comprenais. Ensuite, ce rêve qui date de deux ou trois ans l’a obsédé pendant des jours et des nuits. Il lui a fallu des semaines avant qu’il n’ose le raconter.
Dans ces moments terribles où nous sommes dépassés par nous-mêmes, nous aimerions bien trouver un lieu où nous réfugier, quelqu’un qui nous protège contre d'horribles avanies dont nous sommes à la fois les créateurs géniaux et les victimes tremblantes.
Jusqu’à nos braves poilus ! Au moment des si buccoliques batailles qui ont fait la gloire de tant de paysages du nord de la France voici presque un siècle, nombre de nos valeureux combattants, au moment de perdre la vie et leurs abattis dans la boue, appelaient, dit-on, leur maman.


Marc Guillerot

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Règle du jeu numéro 27 - juin 2006

Texte et illustration : "Le cauchemar de ma vie"

Vous avez jusqu'au 30 juin 20h00

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